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LA TURQUIE


ET


L’ALLIANCE AUSTRO-RUSSE.




Après l’insurrection de Hongrie, ses conséquences. Encore ne sommes-nous point au bout. Ce n’était pas assez que l’Autriche eût été jetée comme de force dans les bras de la Russie : l’empire ottoman devait à son tour porter la peine de cette malheureuse entreprise. Au reste, quoi de plus logique ? Quand la force de la Russie s’accroît, quel est de tous les états celui qui en reçoit d’ordinaire le premier contre-coup ? Tout ce que la Russie peut gagner d’influence en Europe, n’est-ce pas la Turquie, avant les autres puissances, qui en ressent et en porte le poids ? Oui, il y a une vérité déjà ancienne qui devient aujourd’hui manifeste : la démagogie en Europe et les insurrections de race en Autriche et en Turquie n’aboutissent, en dernier lieu, qu’à seconder le progrès de la puissance russe, progrès politique et territorial. Ouvrez l’histoire de Russie : quel fait la domine ? C’est cette prudence, aussi heureuse que savante, avec laquelle sa diplomatie a su tirer parti des révolutions de l’Occident et des querelles de religion ou de race dont l’Europe orientale est, depuis cinquante ans, le théâtre. Voyez l’époque de Pierre-le-Grand : déjà la Russie est aux aguets, l’œil ouvert sur les divisions intestines de la Pologne et sur les conflits des Moldaves et des Hellènes avec les Turcs, dont elle convoite l’héritage. Sous Catherine, ces grands projets sont à demi réalisés : la Suède continue de décroître, la Pologne est partagée, et la Turquie subit ces graves échecs qui ont commencé sa décadence. Il ne faut plus que la révolution française pour donner à la Russie, dans les affaires de