Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 4.djvu/688

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Smith : « Un grand capital avec de petits profits croît plus vit qu’un petit capital avec de grands profits. L’argent, dit le proverbe, enfante l’argent. Quand vous en avez gagné un peu, il est aisé d’en gagner davantage ; la grande difficulté est de gagner ce peu. » Tout le monde, aux États-Unis, gagne ce peu, qui est le point de départ de la formation du capital, et l’accumulation de ces épargnes individuelles constitue le capital le plus fort et le plus productif que jamais nation ait eu à sa disposition.

Le travailleur américain n’a pas seulement les moyens d’acquérir le capital ; la diffusion de l’instruction a porté à sa connaissance et a mis à sa disposition les moyens de l’utiliser. En. France, il a fallu, des efforts multipliés pour faire apprécier de la classe laborieuse les avantages des caisses d’épargne ; même parmi les petits commerçans, beaucoup de gens ne savent tirer parti de leurs économies qu’en les confiant au notaire, qui les place sur hypothèque, ou au banquier. Nos paysans thésaurisent. L’ouvrier américain sait parfaitement ce que sont les fonds publics ; il en achète quand il ne préfère pas acquérir des actions de l’établissement dans lequel il travaille. À Lowell, la ville manufacturière par excellence, le montant des actions ainsi possédées par les ouvriers des deux sexes forme un capital de plusieurs millions. Partout un homme a une caisse d’épargne à sa portée, et, mieux encore une banque, à laquelle il confie ses économies, dont il achète d’abord un action, puis plusieurs, jusqu’au jour où il a un capital suffisant pour acquérir une petite ferme dans l’ouest, ou pour entreprendre un commerce ou une industrie. Ces banques donnent de très faibles bénéfices ; mais elles arrivent facilement à couvrir leurs dépenses par l’emploi des dépôts qu’elles reçoivent et le profit qu’elles tirent de leur circulation, et dans les petites villes de la Nouvelle-Angleterre leur capital est possédé en presque totalité par les classes laborieuses. Nous n’en saurions donner de meilleure preuve qu’en faisant connaître comment se répartissaient, il y a trois ou quatre ans, les actions d’une des banques de l’état de Rhode-Island. Cette citation sera la démonstration la plus décisive de ce que nous avons avancé.


Femmes 2,438 Institutions charitables 548
Petits commerçans 2,038 Mineurs 307
Négocians 191 Communes 157
Cultivateurs et valets de ferme 1,245 Paroisses 630
Ouvriers 673 Hommes de loi 377
Matelots 434 Médecins 336
Employés du gouvernement 438 Ecclésiastiques 220
Caisses d’épargne 1,013

L’indépendance du travail a pour conséquence, aux États-Unis, la facile acquisition et la multiplication rapide du capital ; mais si l’Américain