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aux ouvriers des villes ou aux journaliers des campagnes, en provoquant la suppression des écoles normales primaires, la commission de l’assemblée nationale a déjà fait le plus important. Elle propose de remplacer le noviciat des écoles normales par un temps de stage dans une école primaire. Si les idées que nous avons suggérées sont justes, un pareil plan a droit à une pleine approbation. Le stage, l’instruction donnée par un maître futur sous les yeux d’un maître déjà formé, a précisément l’avantage d’être une éducation parfaitement en harmonie avec son but, un apprentissage, en un mot encore plus qu’une éducation. Mis en présence, dès le début, avec ce qu’il y a d’aride et d’ingrat dans la tâche méritoire de l’instruction populaire, l’honnête jeune homme qui s’y consacre ne se nourrira pas d’illusions, et par conséquent ne se préparera pas de désappointemens. Une vie plus tard isolée ne commencera pas par des années passées dans une attrayante fraternité d’études ; des connaissances théoriques ne précéderont point un métier essentiellement, et minutieusement pratique. Il apprendra en enseignant ce qui pour les choses simples, est une bonne manière d’apprendre. Malheureusement, dans le rapport de la commission, cette utile institution du stage est plutôt conseillée qu’établie. On ne nous dit ni où ni comment elle sera pratiquée. Suivant nous, elle perdrait la moitié de son mérite, si ceux qui en veulent profiter en devaient chercher le bénéfice loin de leur demeure. Il faut qu’elle soit répandue d’une manière générale, sinon partout, au moins à portée de tout le monde, et il nous paraît assez facile, avec deux ou trois dispositions réglementaires, de lui donner cette extension.

Qui empêcherait par exemple que les dépenses très considérables que font chaque année les départemens pour l’entretien de leur école normale fussent converties en un supplément de traitement accordé aux maires des écoles du chef-lieu d’arrondissement et du chef-lieu de canton, à la charge d’entretenir chez eux, soit un, soit deux jeunes gens se destinant à l’éducation primaire, et qui partageraient avec eux, sous leur direction, la conduite de leurs élèves. Ce serait pour les maîtres un petit profit pécuniaire et une compagnie salutaire et la remplacerait pour eux le frère novice qui souvent, dans les ordres religieux, accompagne le frère profès. Pour bien faire, une préférence devrait être accordée, dans la concession de ces pensions temporaires, aux jeunes gens nés ou résidens soit dans l’enceinte du canton, soit dans les limites de l’arrondissement. Le comité supérieur de l’instruction primaire se ferait rendre un compte exact, non-seulement du travail, mais de la conduite de ces différens pensionnaires. Au bout de deux ans passés ainsi, il serait rare qu’il n’y eût pas, dans le voisinage du lieu de leur stage, une école de commune vacante a laquelle, si leurs notes étaient favorables, ils seraient appelés. Aucun maître d’école ne serait nommé