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de la dissolution de la garde nationale de Lyon, a répondu avec énergie et décision. Le ministre de l’instruction publique, sans s’expliquer sur le renvoi au conseil d’état de la loi de M. de Falloux, a déclaré que le gouvernement comptait pourvoir par quelques mesures promptes et efficaces au redressement des plaintes, fort exagérées selon nous, qui se sont élevées sur la conduite des instituteurs primaires. Une loi sur la déportation a été présentée, qui assure à la répression pénale ses justes effets. Enfin M. le ministre des finances a aujourd’hui même abordé résolûment la question financière en préposant le maintien de l’impôt sur les boissons pour 1850, en retirant le projet de loi sur le revenu, et en apportant à l’assemblée diverses sources le produits et quelques réductions qui permettront d’équilibrer les recettes et les dépenses. Nous venons d’énumérer rapidement les actes politiques du ministère depuis son installation, et nous nous arrêtons avant le projet de loi sur les caisses le retraite, projet de loi encore un peu nuageux qu’a annoncé M. le ministre du commerce. Ces actes n’ont rien assurément qui puisse inquiéter la majorité.

Enfin, et c’est le point que nous voulions toucher en dernier, M. le général Changarnier reste chargé du commandement des troupes.

De ce rapide exposé nous tirons quelques conclusions simples et rassurantes. La première, c’est que, loin de s’écarter de la route que s’était ouverte le parti modéré, le président veut y marcher d’un pas ferme, et qu’il veut même faire savoir que personne ne l’y conduit. Il croit en même temps qu’il n’y a de vraie popularité et de vrai succès en France que pour ceux qui marcheront dans cette route. Nous pensons que le président a tout-à-fait raison sur ce point. La seconde conclusion, c’est que la majorité doit, selon nous, se féliciter de voir faire par d’autres hommes que par ses chefs naturels l’œuvre qu’elle désire accomplir. Elle y gagne deux points importans : elle ne répond, d’une part que de ce qu’elle approuve explicitement par ses votes ; elle réserve, d’autre part, sa force et son ascendant pour les occasions où le gouvernement, au bout de quelque temps, croirait devoir venir la réclamer sous une forme plus directe. Voyons, parlons franchement : est-on si pressé par le temps qui court de faire soi-même ce que d’autres veulent bien se charger de faire ? Nous nous sentons, nous autres simples citoyens, une si sincère reconnaissance pour ceux qui veulent bien tâcher de gouverner ce temps peu gouvernable, que nous prêtons involontairement aux autres les sentimens que nous avons là-dessus, et que nous sommes persuadés qu’il n’y a personne dans la majorité qui ne soit enchanté de voir faire par d’autres ce qu’il eût fallu faire soi-même.

Ce sentiment qui n’exclut pas la surveillance et le contrôle, mais qui exclut la mauvaise humeur, rend facile l’union du gouvernement et de la majorité. Le président et son parti prennent à leur compte les difficultés générales du gouvernement et la difficulté particulière de gouverner avec la constitution de 1848 : tant mieux ! ils veulent faire à leur compte l’expérience du système politique qu’a fondé la constitution de 1848 : tant mieux ! mille fois tant mieux ! et tout ce que nous craignons, c’est qu’ils ne réussissent pas ; et tout ce nous souhaitons, c’est que la suite du nouveau gouvernement réponde au commencement, pu a, nous l’avouons, mieux tourné que nous ne le pensions. Pourquoi, aux difficultés spéciales que nous venons d’indiquer, la majorité voudrait-elle ajouter des difficultés d’un autre genre, de celles que le gouvernement