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impulsion donnée, qu’à maintenir, au lieu de la ralentir, l’activité de travaux, utilement entrepris et en pleine exécution ; on avait aussi à se préoccuper des engagemens pris par l’état pour la livraison des ouvrages à sa charge aux compagnies concessionnaires, tandis que le projet de Sceaux à Orsay n’était pas même étudié. L’exécution de ce chemin était en outre subordonnée à une instruction et à des préliminaires qui devaient retarder l’ouverture des chantiers ; enfin comment le rail-way de Sceaux à Orsay se rattachait-il au réseau général de nos grandes lignes de chemins de fer, de celles qui intéressent à la fois la grandeur et la prospérité du pays ? Tout cela a-t-il été pesé ? J’en doute. Le chemin de Sceaux à Orsay n’en a pas moins été commencé, puis s’est aperçu, chemin faisant, qu’on pourrait appliquer les ressources de l’état à des œuvres plus utiles, et alors, on s’est décidé à s’arrêter à Palaiseau. Est-ce donc pour constater la ferme volonté de réprimer les abus du régime déchu, et pour couper court aux gaspillages intéressés de la monarchie, que le gouvernement provisoire a doté la France, au prix d’une dépense de près de 2 millions, du chemin de Sceaux à Palaiseau ?

Cependant il fallait bien que la direction des ateliers nationaux en vînt à chercher les moyens d’occuper à des travaux moins stériles une partie des nombreux ouvriers qu’elle avait enrôlés. Elle s’en avisa un peu tard, et elle chercha un peu le l’aventure. On s’arrêta à l’idée d’exécuter un canal latéral à la Sauldre. Le projet d’assainir et de fertiliser la Sologne est en lui-même d’une haute utilité. C’est une bonne pensée, et digne d’un bon gouvernement, que celle de retirer à son insalubrité séculaire une contrée désolée, située au cœur de la France, et qui paraît pouvoir être appelée à la fertilité et à l’abondance. Depuis long-temps, la question avait été agitée ; elle avait donné lieu à bien des propositions, elle avait même fixé l’attention de compagnies financières plus ou moins sérieuses, qui voyaient là l’objet d’une vaste spéculation industrielle. Plusieurs systèmes étaient en présence ; la divergence de ces plans impliquait la nécessité de se recueillir et d’examiner avant d’agir. On fit le contraire : on porta des ouvriers en Sologne, les travaux prirent tout de suite un assez grand développement, l’obligation d’arrêter définitivement ce qu’on voulait faire n’en devint que plus pressante ; mais il ne paraît pas que les études auxquelles on s’est livré après coup soient favorables aux travaux déjà exécutés. On hésite sur le point où le canal de la Sauldre commencera par le haut, on ne sait pas où il aboutira par sa partie inférieure, et on paraît n’être encore fixé que sur un seul point : c’est qu’il faut abandonner presque tout ce qui est fait, et sacrifier un tronçon du canal qui n’a pas coûté moins d’un million.

Certes, cet argent-là, tout perdu qu’il est, est encore bien mieux employé que celui qui a servi à solder les loisirs des joueurs de bouchon dans les ateliers de Paris ; mais en vérité, puisqu’on voulait faire des travaux de navigation, on aurait bien dû songer à tous ceux qui sont déjà votés, qu’on avait trouvés en pleine exécution, et dont on ne s’est occupé que pour réduire les allocations dont ils étaient dotés au budget. Ainsi, en même temps qu’on commençait, à la hauteur de Charenton, un nouveau tronçon du canal latéral à la Marne : travail très utile en lui nième, on réduisait des trois quarts le crédit alloué au canal de la Marne au Rhin, et on ajournait la mise en valeur d’une grande partie des fonds dépensés. Or, ralentir d’un côté des entreprises qui touchent