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avoir de salutaire. Non-seulement il travailla énergiquement à appeler l’attention générale sur les dangers du paupérisme et sur l’importance politique des questions qui s’y rattachent, il fut encore à la tête de ceux qui apprirent à l’Angleterre ce que les autres nations apprennent d’elle maintenant : que c’est dans les institutions de prévoyance que gît le remède, le meilleur du moins que la science ait pu découvrir aux souffrances des classes laborieuses. Le nombre des associations qu’il contribua, pour sa part, à fonder, ferait croire chez lui à une activité surhumaine. J’en mentionnerai seulement quelques-unes : deux comités pour distribuer aux malheureux de la soupe et des alimens à bon marché, une société pour la réforme et la répression des jeunes malfaiteurs, une autre pour assister les ouvriers indigens des campagnes et des manufactures, plusieurs district-visiting societies pour visiter les pauvres à domicile, les caisses d’épargne enfin ; je laisse de côté les sociétés bibliques, les associations savantes, les comités pour l’adoucissement des peines capitales, pour la civilisation. Organiser, d’ailleurs, n’était qu’une partie de sa tâche. Lui-même se mettait ensuite au service de ceux qui l’avaient secondé. Il s’adressait à la générosité des particuliers ; il savait inspirer à autrui sa propre ardeur ; il sollicitait pour ses œuvres charitables le patronage des grands. Il recueillait de toutes parts des renseignemens sur le sort des classes pauvres, et il communiquait au gouvernement le résultat de ses enquêtes. Ajouterai-je qu’il payait de sa bourse comme de son temps ? Cette philanthropie-là n’a jamais manqué aux quakers, et dernièrement encore ils l’ont généreusement prouvé à l’égard de l’Irlande.

La réforme pénitentiaire et l’éducation primaire occupèrent en outre une grande partie de la vie et des pensées de William Allen. Ce fut surtout grace à lui que s’établit et se développa le British and foreign school society, cette puissante création de l’initiative individuelle qui dota l’Angleterre et bien d’autres contrées de tant d’écoles mutuelles. Dans sa vieillesse, il fondait encore de ses propres deniers des écoles d’agriculture pratique et théorique, et la tâche qu’il s’était donnée dans sa patrie, il tenta de l’accomplir un peu partout. Accablé d’affaires, administrateur des biens du duc de Kent, membre zélé de son église, il trouva encore le temps de parcourir à diverses reprises la Norvége, la Suède, la Russie, la Grèce, l’Allemagne et la France, inspectant partout les prisons, les écoles et les établissemens de bienfaisance, adressant des rapports aux ministres et aux souverains, prêchant en tout lieu l’instruction et les réformes utiles.

Tous ces voyages eurent pour principaux motifs des missions religieuses ; ils rentrent donc dans l’histoire générale du quakérisme, et ils n’en sont pas une des pages les moins curieuses. Deux fois William Allen fut accompagné par un Ami des États-Unis, Français de naissance,