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de 31 millions à 29, ne renferme pas le fonds nécessaire’ pour les grosses réparations, sans lesquelles le capital de nos principales voies de communication s’use et marche à une destruction rapide. L’économie que l’on fait ainsi de 2 à 3 millions par année depuis 1849 entraînera plus tard la dépense d’un capital nouveau ; il faudra recharger d’un lit complet de matériaux et à grands frais le sol de nos routes nationales. Le moment n’est pas venu encore où les transports du roulage, détournés par les chemins de fer, cesseront de dégrader les voies ordinaires de communication par leur fréquent passage. L’économie que l’usage des chemins de fer doit amener dans les frais d’entretien des routes parallèles est un bénéfice que l’on ne recueillera qu’avec le temps.

L’entretien des canaux est porté au budget de 1851 pour 4,288,000 fr. ; c’est une réduction de 800,000 francs sur le budget de 1848. Nos canaux sont peu fréquentés ; certains manquent d’eau ; les tarifs n’ont pas généralement une valeur commerciale. En les affermant par groupes à plusieurs compagnies qui se chargeraient d’en perfectionner la navigation et de les entretenir, le trésor ferait une opération féconde en résultats pour lui-même et pour tout le monde.

Au total, le budget des travaux publics, tant extraordinaires qu’ordinaires, s’élèvera pour 1.851 à 104,804,307 francs. L’établissement des grandes lignes de chemins de fer y est compris pour environ 30 millions. Voilà, certes, une dépense considérable, et que le trésor ne pourrait pas dépasser de beaucoup sans s’exposer à un prochain et inévitable désastre. Arrêtons-nous cependant à examiner les conséquences qu’un pareil ralentissement dans la marche des travaux peut avoir pour l’industrie et pour la situation générale du pays.

Dans les années qui ont précédé la révolution de février, les travaux publics entrepris tant par l’état que par les pouvoirs locaux et par les compagnies, avaient reçu un développement extraordinaire. L’état dépensait en moyenne au-delà de 200 millions, les compagnies plus de 100 millions, les départemens et les communes au moins 50 millions, ce qui représentait environ 350 millions employés en constructions de toute nature.

En 1846, le ministère des travaux publics fit emploi dans ses deux budgets d’une somme de 202 millions. En 1847, l’ordinaire et l’extraordinaire réunis présentent, pour ce département, la somme de 210 millions, sans compter 55 millions dépensés par la marine et par la guerre. En 1848, les deux budgets des travaux publics s’élèvent, malgré l’état désastreux des finances, à 217 millions ; en 1849, à 163 millions ; en 1850, les crédits descendront à 113 millions.

Il faut remarquer que la somme des travaux exécutés chaque année par les compagnies va diminuant dans une proportion à peu près