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fondre en un seul les trois conseils qui avaient fonctionné à part jusqu’ici. Il a voulu en même temps augmenter le nombre de leurs membres, et il l’a porté à 236, divisés ainsi qu’il suit : 86 propriétaires et agriculteurs, représentant chacun un département, et nommés, à défaut de chambres électives d’agriculture, par le ministre, plus 10 membres choisis en dehors de la représentation départementale et chargés de représenter les intérêts les plus généraux, total pour l’agriculture, 96 ; 51 industriels nommés par les chambres consultatives des arts et manufactures des départemens, plus 8 membres désignés en dehors par le ministre, total pour les manufactures, 59 ; 65 commerçans nommés par les chambres de commerce des départemens, plus 8 membres désignés en dehors par le ministre, total pour le commerce, 73 ; enfin, 8 membres chargés de représenter spécialement l’Algérie et les colonies. On voit que l’élection et la désignation ministérielle ont participé à peu près également à la formation du conseil : 120 membres ont été choisis par le gouvernement, 116 sont le produit de l’élection. Quant à la proportion dans la représentation des trois intérêts, elle e été généralement acceptée comme aussi exacte que possible ; en même temps, il a été décidé que les discussions seraient publiques, et non plus à huis-clos comme par le passé.

Cette assemblée de 236 membres, choisis parmi les représentans les plus éminens de la propriété, et du travail, ne laissait pas, quand elle s’est réunie, que de former un ensemble assez imposant. Presque tous les membres désignés pour l’agriculture ont été pris parmi les présidons des sociétés d’agriculture des départemens ; on remarquait dans le nombre plusieurs anciens ministres, tels que MM. Decaze, de Gasparin, de Tracy, Passy, Tourret et Lanjuinais, ainsi que les membres les plus importans de l’ancien conseil d’agriculture. Toutes les grandes industries françaises avaient envoyé aussi leurs chefs les plus connus et, parmi eux, les principaux membres des anciens conseils des manufactures et du commerce. Un grand nombre d’anciens pairs, d’anciens députés, rattachaient cette assemblée à celles qui ont disparu dans la catastrophe de février, et près de cent membres de l’assemblée nationale actuelle y représentaient la nouvelle société politique. Parmi eux, figuraient M. Dupin aîné, président de l’assemblée nationale, et un des vice-présidens, M. Daru. Enfin, par cet heureux privilège qui n’a appartenu jusqu’ici qu’à la république, le passé et le présent de la France s’y confondaient dans un même sentiment de dévouement au pays, et toutes les opinions autrefois hostiles s’y donnaient la main.

Pour ajouter à la solennité de cette réunion, le président de la république a voulu ouvrir la session en personne. Il s’est rendu, à cet effet, le 7 avril, au palais du Luxembourg, accompagné de tous ses ministres ; le discours qu’il a prononcé a été un des plus remarquables par ce