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générales, MM. Dupin aîné, Hippolyte Passy et Tourret. Le conseil s’est ensuite divisé en trois comités, qui se sont constitués à part. Ont été nommés, pour le comité d’agriculture, président : M. Decaze, et vice-présidens : MM. de Torcy et Saunac ; pour le comité des manufactures, président : M. Mimerel, et vice-présidées : MM. Lebeuf et Dufaud ; pour le comité du commerce, président : M. Legentil, et vice-présidens MM. Ducos et Gouin. Si nous citons ces noms, c’est pour montrer combien le conseil général réorganisé s’est montré fidèle à ses antécédens. Ce sont presque les mêmes hommes qui ont été investis, en 1846 et en 1850, de la confiance de leurs collègues, bien que le personnel ait été changé et notablement accru, et malgré les transformations qu’ont subies au dehors tant d’autres institutions. Cette permanence dans les choix a été un symptôme de plus de la permanence des intérêts et des idées dans le sein du conseil ; le respect pour les services antérieurs, la fidélité aux chefs éprouvés, sont des signes certains de la santé morale des peuples, et, quand l’esprit de versatilité et d’ingratitude s’est donné ailleurs si large carrière, il est bon que la disposition contraire se soit manifestée quelque part pour l’honneur de notre pays.

Quant à la division des comités, elle a paru à quelques esprits contraire à la pensée même du décret qui avait réuni en un seul les trois conseils anciens. D’autres, au contraire, ont pensé que cette division n’avait pas été faite assez nettement, et que certaines questions concernant plus spécialement une des trois branches du travail national auraient dû être examinées uniquement par le comité intéressé. Ces deux opinions absolues ont été également écartées par le conseil dès sa première séance. À la suite d’une courte discussion, il a été décidé que toutes les questions soumises au conseil seraient examinées sans distinction dans chacun des trois comités réunis séparément, que chaque comité nommerait ses commissaires en nombre égal à celui des deux autres, que les commissions ainsi nommées se réuniraient pour préparer un rapport unique, et que ce rapport serait soumis à l’assemblée générale, qui, seule, aurait le droit de statuer. Cette organisation a fonctionné pendant toute la session et n’a donné lieu à aucune objection sérieuse ; il est à croire qu’elle est désormais un fait acquis et qui prévaudra à l’avenir. La séparation en comités est suffisante pour donner satisfaction à ce qu’il y a de vrai dans la variété des intérêts, elle permet d’ailleurs aux membres ayant une même origine de se voir de plus près, de se mieux connaître, de discuter plus librement et en quelque sorte en famille ; mais l’unité des commissions et le vote en commun sont nécessaires pour conserver le grand principe de la solidarité des intérêts.

On aurait pu craindre que cette difficulté n’embarrassât gravement les premiers pas du conseil : c’était, on peut le dire, la grande question