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dans la forme. Les intérêts qui se croient atteints méritent des ménagemens, même quand ils se trompent, et ce n’est peut-être pas le meilleur moyen de ramener les esprits rebelles que de les heurter trop ouvertement. Il est vrai que M. Michel Chevalier se défendait contre des attaques déplacées ; mais que font ces attaques après tout ? L’indépendance du professeur n’est-elle pas aussi entière après qu’avant ? Le vœu du conseil général tombe de lui-même pour avoir voulu régler des matières qui n’étaient pas de son domaine. Quant à celles qui étaient de sa compétence, il les a traitées de manière à donner satisfaction aux principes ; c’est l’essentiel. Le reste tient à des préjugés qui s’effacent et s’effaceront tous les jours de plus en plus.

Pour en finir avec cet ordre de questions, nous n’avons plus que quelques mots à dire sur un sujet très grave qui n’a fait que paraître dans les délibérations du conseil et qui en a été retiré presque aussitôt. Nous voulons parler de la condition qui est faite à notre marine marchande par le nouveau bill de navigation anglais. Ce bill supprime, comme on sait, toutes les restrictions imposées à la navigation étrangère dans les ports anglais par l’ancien acte de navigation de Cromwell et des actes successifs, et ouvre sans conditions les ports britanniques à tous les pavillons. C’est une révolution radicale dans le système maritime du monde. Le gouvernement avait désiré d’abord appeler l’attention du conseil général sur ce point, mais il a demandé ensuite qu’il n’y eût pas de discussion publique à cause des négociations diplomatiques qui sont en ce moment engagées avec l’Angleterre pour mettre momentanément notre marine marchande à l’abri de quelques-unes des conséquences du bill. La question reviendra certainement l’année prochaine, si le conseil est convoqué de nouveau, car elle est maintenant engagée, et rien ne peut l’écarter. Il est bien à désirer que le gouvernement fasse faire dans l’intervalle toutes les enquêtes nécessaires pour éclairer complètement le pays sur cette immense affaire. Il n’en est pas de plus vitale, car ce n’est pas seulement de la marine marchande qu’il s’agit, l’ensemble de nos intérêts commerciaux et politiques est en jeu.

D’autres questions considérables avaient été présentées qui n’ont pas pu être discutées faute de temps et qui sont restées à l’état de rapport. Nous remarquons parmi ces rapports celui de M. Daru sur les tarifs et cahiers des charges des canaux et des chemins de fer, celui de M. de Roquette sur le régime des eaux, ceux de M. Darblay jeune sur le commerce des grains et le régime de la boulangerie, ect. Ces divers sujets, avec le régime de la navigation, forment dès à présent une matière plus que suffisante pour une nouvelle session. Il vaut mieux aborder moins de sujets et les approfondir davantage. Une autre question qui n’a pu malheureusement être qu’effleurée, et dont la solution est cependant bien urgente, est celle du crédit foncier. Cette question a été