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HISTOIRE


DES MARIONNETTES.




LES MARIONNETTES EN FRANCE.[1]




I. – ORIGINE DU MOT.

J’ai déjà beaucoup parlé des marionnettes, et je n’ai pourtant rien dit encore du sens ni de l’origine de leur. nom. C’est que ce mot, étant tout-à-fait propre à la France, et différant absolument des dénominations données par les autres peuples aux comédiens de bois[2], j’ai cru devoir ajourner toute explication sur ce point jusqu’au moment où je traiterais de cette branche du théâtre en France. Il y a d’ailleurs tant de connexité entre le mot et la chose, que, quand nous aurons étudié l’un avec soin, nous aurons fait un très grand pas dans la connaissance de l’autre.

On pourrait croire, au premier coup d’œil, que le nom de marionnettes nous est venu des Maries de bois, Marie di legno, que nous avons vues à Venise remplacer, au XIVe siècle, les jeunes filles qui avaient fait jusque-là l’ornement de la fête annuelle delle Marie. Il y a en effet entre ces deux locutions une évidente analogie de formation ; mais il n’y a eu entre elles aucune filiation étymologique. Comme du nom latin Maria le moyen-âge avait formé Mariola, diminutif qui des jeunes filles passa aux petites figures de la Vierge exposées à la vénération publique dans les églises et dans les carrefours, de même à la

  1. Voyez les livraisons du 15 juin et du 1er août.
  2. Les Allemands ont reçu le mot marionnette et ses composés Marionettentheater, etc. ; mais le véritable mot germain est Puppe, d’où Puppenspiel, Puppenspieler, etc.