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On imitait, sous toutes les formes, les automates de Vaucanson, le flûteur, le canard, etc. ; on courait au joueur d’échecs de Kempel. Un Polonais, nommé Toscani, ouvrait, à la foire Saint-Germain de 1744, un théâtre pittoresque et automatique, qui semblé avoir servi de prélude au fameux spectacle de Pierre : « On y voit, disent les affiches, des montagnes, des châteaux, des marines… Il y paraît aussi des figures qui imitent parfaitement tous les mouvemens naturels, sans qu’on aperçoive qu’elles soient tirées par aucun fil… et, ce qu’il y a de plus surprenant, on y voit une tempête, la pluie, le tonnerre, des vaisseaux qui périssent, des matelots qui nagent, etc., etc. » On annonçait de tous côtés de pareilles merveilles, et aussi (on rougit de le dire) des combats d’animaux féroces. Ce goût ignoble a été, si l’on en croit la multiplicité des affiches, long-temps plus répandu chez nous et plus vif qu’on ne le croit généralement. Je transcris, entre un très grand nombre de semblables annonces, celle que voici, datée du 7 avril 1748 ; on ne la lira pas sans surprise :

« À mort le beau, furieux, méchant et nouveau taureau… Au faubourg Saint-Germain, rue et barrière de Sèvres… L’on ne peut assez exprimer la force de ce jeune taureau sauvage et intrépide pour la méchanceté ; ne connoissant personne, depuis près de trois mois qu’il est au combat. On ne peut non plus dire avec quelle intrépidité il défendra sa vie contre les dogues qui le réduiront mort sur la place, quoique ce soit un des meilleurs combattans qu’il y ait eu depuis plusieurs années. Ce combat sera terminé par celui des dogues, des ours et le nouveau et bon loup, qui tient collet contre les dogues… Le sieur Martin avertit le public qu’il a de l’huile d’ours pure, etc…[1]. »

L’année 1749 amena plusieurs nouvelles concurrences aux marionnettes de Bienfait. Les affiches du 18 février annoncent l’ouverture de la nouvelle troupe de comédiens praticiens de Levasseur, à la foire Saint-Germain, et la première représentation des Réjouissances publiques ou le Retour de la paix, en vaudevilles, avec Arlequin courrier. Nous voyons, un peu plus tard, les marionnettes de Levasseur jouer à la même foire une pièce pantomime intitulée les Fleurs.

Le 13 février 1749, la nouvelle troupe de marionnettes de Prévost débuta par la Revue générale des Houllans, commandés par M. Le maréchal de Saxe, représentée devant leurs majestés, monseigneur le dauphin, etc., le tout en figures mouvantes par chaque escadron qui caracolent, suivi des Amusemens comiques de Polichinelle. Ce nouveau théâtre, situé rue de la Lingerie, ne tarda pas à se réunir à celui de Bienfait. Dès le 1er mai, les affiches annoncent la Revue des Houllans au théâtre des petits comédiens du Marais, rue Xaintonge, près le boulevard ; c’était la nouvelle adresse et le nouveau nom des marionnettes

  1. Affiches de Boudet.