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et, en 1793, la Fédération nationale. Il faut avouer que ces deux sujets prêtaient peu à la silhouette, et durent divertir médiocrement le jeune et riant auditoire de Séraphin.

Sous le consulat, quand l’esprit et la gaieté eurent peu à peu recouvré leurs droits, un savant bibliothécaire et un excellent homme. M. Capperonnier, fit jouer, nous assure-t-on, quelques scènes à la silhouette. Des indiscrets lui attribuent, entre autres, l’Ile des Perroquets, ou Il ne faut pas se fier à la parole. Ces petites distractions d’un homme grave devaient être des réminiscences des gaietés littéraires auxquelles il s’était trouvé mêlé avant 1789, dans la société des Lauraguais, des Paulmy et des La Vallière.

Le théâtre de Séraphin a fait avec le consentement des intéressés, d’heureux et assez fréquens emprunts aux autres scènes. Ainsi le Filleul de la fée, conte bleu en deux actes, représenté en 1832 sur le théâtre du Palais-Royal, est devenu l’Enchanteur Parafaragaramus, féerie en trois actes, au théâtre de Séraphin. On cite plusieurs auteurs contemporains qui n’ont pas dédaigné cette petite scène, entre autres M. Édouard Plouvier, qui a été moins heureux au Théâtre-Francais. Je nommerai encore une personne de la famille du fondateur, Mlle Pauline. Séraphin, qui a écrit un assez grand nombre de petites pièces-féeries et de scènes à la silhouette, le Talisman aux enfers, la Perruque de Cassandre, Gilles et son Parrain, le Génie de la Sagesse, la Jument grise, et le Pécheur de Bagdad. En résumé, les théâtres de marionnettes et d’ombres chinoises ont dans notre pays un grand avantage sur presque tous les autres spectacles : ce sont presque les seuls où nous n’apportions aucun esprit de contention et de critique, et où nous allions avec la seule envie de nous amuser. Il serait bien à souhaiter qu’un homme de talent profitât de cette rare et bienveillante disposition du public, et prit là ses coudées franches ; comme on les lui laisse.


XII. – MARIONNETTES CHEZ LES PARTICULIERS ET DANS LE MONDE ELEGANT.

Il me reste, pour compléter l’histoire des marionnettes en France, à dire un mot de l’accueil qui leur a été fait dans la bonne compagnie et chez les grands seigneurs des XVIIe et XVIIIe siècles.

Nous avons vu, sous Louis XIV, les relations très suivies du jeune dauphin et de Brioché. Les marionnettes étaient alors un plaisir royal, que recherchaient aussi la noblesse et la bourgeoisie. La Fontaine, dans sa fable de la Cour du Lion, ne nous a-t-il pas montré sa majesté lionne convoquant tous ses vassaux à une cour plénière,

..... dont l’ouverture
Devait être un très grand festin,
Suivi des tours de Fagotin ?