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C’est donc dans le caractère même de ces sculptures qu’il faut chercher l’excuse de nos devanciers qui n’ont pas bien compris ce qu’elles représentaient ; au reste, l’erreur dans laquelle est tombé le voyageur anglais Ker-Porter est due à ce qu’il a négligé de faire une fouille pour compléter les figures dont il n’a pas vu les extrémités inférieures ; s’il les eût dégagées de la terre qui en recouvrait le bas, il eût trouvé le bout de la queue de l’animal, qui est de toute évidence celle d’un scorpion. La nature de cette queue a d’ailleurs un sens ; elle s’explique par la pensée qu’on a eue de représenter un monstre réunissant les formes et les natures les plus dangereuses, afin de le faire paraître plus terrible.

Une autre embrasure reproduit le même combat du mystérieux batteur avec un taureau ; l’animal est debout sur ses pieds de derrière ; il.se dresse contre son agresseur en le repoussant de ses pieds de devant, dont l’un porte sur sa poitrine ; mais son ennemi le tient fortement de son bras droit par les cornes, tandis que du bras gauche il lui plonge un large poignard dans le ventre. Une quatrième porte, dont il ne reste qu’un des jambages, a pour ornement un bas-relief montrant le même personnage qui, dans une étreinte vigoureuse, étouffe entre ses bras un lion qu’il soulève de terre et qui fait avec ses pattes de vains efforts pour se dégager. La figure de dieu ou d’homme représentée dans ces diverses scènes de combat porte un vêtement très simple, consistant en une tunique qui forme des plis nombreux. Cette tunique est relevée par-devant de façon à permettre aux jambes de se mouvoir facilement. Les extrémités, rejetées sur les épaules, pendent par derrière en couvrant les reins, mais en laissant les bras dégagés. La barbe et la chevelure de ce personnage sont très soignées et habilement frisées. Un étroit bandeau ceint son front ; ses pieds sont enfermés dans des espèces de cothurnes ; son aspect, un peu froid, est sévère et ne manque pas de majesté.

Ce duel est peut-être celui d’Ormuzd et d’Ahrimane, représentés sous la forme d’animaux malfaisans ou terribles. Le dieu vainqueur a un sang-froid et une tranquillité qui n’impriment pas à ces scènes tout l’effet qu’elles pourraient produire. Peut-être faut-il voir dans cette placidité, dans cette raideur même le signe conventionnel et religieux de la puissance irrésistible du vainqueur.

Deux autres portes représentent des sujets plus intimes, appropriés, selon toute apparence, à la destination même des pièces retirées dans lesquelles ces portes donnaient accès. Sur les piédroits de l’une et de l’autre porte, on voit, en effet, une figure de jeune garçon imberbe, serviteur ou page, portant d’une main un vase et de l’autre une espèce de serviette ou une cassolette. Il y a encore d’autres portes dont les bas-reliefs diffèrent de ceux qui précèdent : ce sont celles qui ouvrent