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VOYAGE ARCHÉOLOGIQUE EN PERSE.

core fumans de ceux de Persépolis ? Sous ces arrangemens désordonnés et incohérens, ne doit-on voir que la ruine du grossier assemblage de quelques matériaux hétérogènes qui servirent à figurer temporairement la demeure d’un commandant militaire transformé en satrape ?

Quoi qu’il en soit, l’observation faite ici s’étend à d’autres parties de ce palais, et on est forcé de la renouveler à l’égard du monument le plus voisin. On y reconnaît, sous les blocs restés debout, l’emploi, comme fondations ou comme bases, de fragmens taillés et sculptés qui ont certainement fait partie d’autres constructions antérieures. Bien que ces faits soient indubitables et authentiquement acquis à l’observateur attentif, il lui est impossible en même temps de ne pas rester convaincu que ce dernier palais, à l’érection duquel ces fragmens auraient concouru, est bien de l’époque de Persépolis. Il est incontestable en effet que ces divers édifices, s’ils n’ont pas tous été créés pendant le même règne, et pour ainsi dire d’un seul jet, sont pourtant du même âge, qu’ils sont dus au même art et inspirés par des idées qui n’avaient subi aucune modification. Il est impossible de méconnaître non-seulement l’analogie, mais la similitude, l’identité qui existe entre eux, tant dans l’ensemble que dans les détails.

Quant au monument dont je parle ici, c’est un des plus importans de Takht-i-Djemchid, et aussi l’un de ceux qui présentent le plus d’élémens propres à faire connaître le plan et les détails de l’ensemble architectural ainsi désigné. Il avait un développement de 72 mètres sur 65. En avant était une vaste plate-forme sur laquelle ouvrait l’entrée principale du palais. On y arrivait, du côté de l’est et du côté de l’ouest, par deux perrons analogues pour leur disposition et leur ornementation à ceux que j’ai décrits. C’étaient toujours des gardes flanquant des inscriptions à côté desquelles était répété le combat allégorique du lion et du taureau ; puis, sur les marches des escaliers, encore de petits personnages chargés de présens.

À gauche du perron de l’est, se trouve un massif de pierre isolé, long de 4 mètres, sur une épaisseur de 1 mètre 30 cent. En cherchant à préciser la destination de ce monument, nous eûmes le bonheur de découvrir, du côté opposé du perron, un corps de taureau en ronde-bosse ayant 1 mètre 90 cent. de long du front à la naissance de la queue. Il faut, selon toutes probabilités, en conclure que le massif de gauche était un socle ou piédestal sur lequel posait un taureau semblable à celui qui, à droite, est tombé et resté voisin de la place qu’il occupait. Ce morceau de sculpture est d’ailleurs le seul de ce genre, la seule ronde-bosse que nous ayons trouvée sur toute la superficie occupée par les ruines de Takht-i-Djemchid, ce qui en rendait la découverte plus précieuse.

Le plan et la distribution de ce palais sont les mêmes que j’ai indiqués en décrivant le premier, et, comme celui-ci, ils indiquent que