Page:Revue des Deux Mondes - 1850 - tome 7.djvu/430

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nous livrer un combat. Il est permis de croire que ces bandits étaient alléchés par nos prétendus trésors. Plût à Dieu que nous eussions réellement découvert les richesses fabuleuses que recelaient, au dire des Persans, les ruines du palais de Djemchid ! Nos finances s’épuisaient, et, bien loin de les renouveler, nos fouilles y avaient fait une large brèche ; aussi aurions-nous été en droit de dire que c’étaient nos ouvriers, et non pas nous, qui ramassaient dans les décombres de Persépolis, sinon de l’or, au moins de l’argent.

Heureusement, ces petits événemens n’étaient pas de nature à nous causer de sérieuses inquiétudes ; nous n’en poursuivions pas nos travaux avec moins d’ardeur. Sur le plateau que nous avions déjà exploré en grande partie, il ne nous restait plus qu’un seul palais à examiner. Il est d’une étendue plus considérable que les derniers décrits, et il a, par le nombre et la beauté de ses sculptures, une importance supérieure. Sa superficie se mesure par 91 mètres du nord au sud, et par 76 mètres de l’est à l’ouest.

À en juger par ce qu’on retrouve des divers élémens qui composaient ce palais, il résumait, ou plutôt réunissait dans son ensemble, toutes les beautés que nous avons successivement remarquées dans chacun des autres monumens de Persépolis ; aussi peut-on dire que celui-ci était l’un des plus grandioses et des plus beaux parmi ceux qui restent de cette magnifique résidence des rois de Perse. Nous l’avons trouvé mutilé, et les terres entraînées des sommets de la montagne au pied de laquelle il se trouve l’ont envahi et s’y sont amoncelées à plus d’un mètre de hauteur. Néanmoins ses bas-reliefs sont assez bien conservés dans leurs parties supérieures, et nous les avons complétés au moyen de fouilles faites à la base.

Ce monument se composait de deux parties distinctes, une grande salle carrée, et en avant, du côté du nord, un large portique. Pour donner plus de grandeur à ce portique, on avait placé de chaque côté un taureau colossal. Ces deux taureaux avançaient de près des deux tiers de leur longueur, c’est-à-dire de près de quatre mètres, sur le premier rang des colonnes qui supportaient le fronton. Cette saillie avait l’avantage de détacher et de laisser apercevoir presque tout entières ces grandes sculptures, qui ajoutaient ainsi à l’effet de la façade, qu’ornaient en outre seize grandes colonnes aux chapiteaux formés par de doubles corps de taureau.

De ce portique, on pénétrait à l’intérieur par deux portes à larges baies. On y avait également accès par les trois autres faces, sur chacune desquelles étaient deux autres portes. Il y en avait ainsi huit en tout. Ce sont les jambages de ces diverses portes qui, avec les blocs évidés en forme de niches et placés dans le même alignement, indiquent seuls la place et la disposition de l’édifice. Ce sont encore ces jambages qui attestent aujourd’hui la richesse et indiquent le caractère