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nord de la Perse ; ils ajoutèrent que, comme presque tous les habitans de Jezd, ils étaient de religion guèbre ; qu’ignicoles, comme Djemchid, le grand roi qui avait élevé les palais de Persépolis, ils n’avaient pas voulu passer auprès de ces ruines sans venir y faire une pieuse visite.

À peine avaient-ils achevé, qu’ils se mirent à ramasser du menu bois et des herbes sèches, en formèrent une espèce de petit bûcher sur le bord de l’escarpement du rocher où nous nous trouvions, et l’allumèrent en murmurant des prières dans la même langue que je leur avais entendu parler à leur arrivée ; ce devait être du zend, la langue de Zoroastre et du Zendavesta, celle dont les caractères étaient gravés sur les murs de Persépolis.

Pendant que ces deux Guèbres priaient devant leur feu, je levais les yeux sur le bas-relief supérieur de la façade du caveau funéraire devant lequel nous étions ; la scène qu’il représentait était exactement semblable : ce culte avait donc encore, après plus de deux mille ans, des adeptes dont la foi s’était conservée malgré les persécutions des sectateurs de Mahomet et d’Ali. Long-temps après le départ des deux Guèbres, le petit bûcher brûlait encore, et sa fumée légère montait en colonne bleuâtre vers le ciel. Je me sentis sous l’influence d’une impression religieuse, en me retrouvant seul en face de ces cendres invoquées qui avaient reçu l’hommage des deux vieillards prosternés devant elles ; la fumée du sacrifice s’élevait lentement au-dessus des rochers sauvages qui dominaient la plaine silencieuse, couverte de ruines au milieu desquelles étaient encore les débris des antiques autels du feu.

L’intérieur du tombeau était d’une simplicité qui contrastait avec le dehors ; on y pénétrait par une porte placée entre les deux colonnes du centre de la façade : cette porte ne s’ouvrait pas dans toute sa hauteur ; il y avait, à sa partie inférieure seulement, un passage qui était probablement muré après l’introduction du dépôt sacré confié à ce caveau sépulcral. La chambre souterraine du tombeau se divise en deux compartimens qui, bien que distincts par leurs voûtes d’inégales hauteurs et qui s’entrecoupent, n’en constituent pas moins cependant, à vrai dire, un caveau unique ; au centre est un sarcophage taillé et creusé dans le roc, ainsi que toutes les autres parties de ce monument.

En suivant la pente de la montagne dans la direction du sud, on rencontre un autre sentier et même quelques marches encore apparentes sur le rocher ; ces degrés mènent à une seconde tombe, qui se trouve un peu plus éloignée du palais que l’autre, et qui est située un peu plus haut sur le flanc de la montagne ; intérieurement elle est semblable à la première, et au-dedans il y a six sépulcres.

Au pied du mur qui soutient la grande terrasse de Takht-i-Djemchid, du côté du sud, on voit un grand nombre de débris ayant appartenu à des fûts ou à des bases et à des chapiteaux de colonnes. On