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LE


PORTUGAL EN 1850


ET


LE COMTE DE THOMAR.




Le Portugal n’a pas la place qu’il mérite dans les préoccupations européennes. Vu de près, ce petit peuple, qu’on croit mort de vieillesse parce qu’il ne fatigue plus l’histoire du bruit de ses merveilleuses aventures, est tout au plus en proie à cette torpeur maladive où s’élabore la puberté des races et d’où sortent leurs définitives transformations. S’il n’a pas le droit de rêver pour son avenir l’éclat guerrier et le rôle initiateur de ses premiers âges, ses ressources territoriales et maritimes ne lui assurent pas moins une place très importante dans la future classification des intérêts continentaux. L’espèce de fatalité qui pèse depuis bientôt cent cinquante ans sur lui n’a pu ni éteindre son soleil, ni énerver son sol, ni déplacer son admirable assiette géographique. Son bassin du Tage, qu’envie l’Europe entière, n’a pas tari, que nous sachions, sous le sillage des paquebots anglais qui viennent y remplacer les flottes des Manoel et des Joâo, et cet Océan qui fut presque un moment une mer portugaise voit encore ondoyer, en divers points de ses rives asiatiques, africaines et américaines, le pavillon qui montra à une moitié du monde le chemin de l’autre moitié. Voilà, quoi qu’on dise, de magnifiques élémens de renaissance commerciale,