Page:Revue des Deux Mondes - 1850 - tome 7.djvu/525

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

afin qu’il pût être jugé par le seul tribunal compétent en pareille matière, c’est-à-dire par le parlement. — Non, lui fut-il répondu avec fureur, car nous n’avons pas de preuves ! Les rieurs restèrent du côté du comte de Thomar, et les chambres lui donnèrent un vote solennel d’approbation. À partir de ce moment, la guerre parlementaire faite au cabinet ne fut plus, à bien dire, qu’une insignifiante tracasserie, et il put entrer en plein dans la partie sérieuse de sa tâche.

Les travaux présentés par le gouvernement aux chambres embrassent toutes les branches du service public et presque tous les besoins du pays. Outre le budget des dépenses, mieux coordonné que les précédens, le budget des recettes et la loi organique de la banque de Portugal (déjà promulguée), les diverses commissions de la chambre élective ont été saisies d’une série de propositions qui ont pour objet le recouvrement des dettes actives de l’état, la modification des circonscriptions administratives et ecclésiastiques, la réforme des bases et de la perception de l’impôt, celles de l’administration publique, de l’enseignement et de la marine militaire, le recrutement de l’armée de terre et de mer, la création d’un système général de communications intérieures, l’organisation du régime administratif et financier des colonies, et finalement une foule de questions secondaires, telles que des explorations géodésiques et géographiques, l’adoption du système métrique français, la fondation d’écoles spéciales, l’exploration des mines, des mesures de protection pour toutes les industries. Les faits et les chiffres contenus dans l’exposé des motifs de la plupart de ces projets, comme dans les rapports que chaque ministre a présentés sur la situation de son département, témoignent des sérieuses études et du remarquable esprit d’ensemble qui président à cette œuvre si complexe de la réorganisation matérielle et morale du pays. Pour la première fois, le Portugal voit clair dans ses propres affaires, et cet examen, disons-le en passant, est infiniment plus rassurant qu’on ne l’aurait supposé. La production, surtout celle des céréales, des vins, du bétail, s’est singulièrement accrue, et cette tendance seule, dans un pays dont les ressources agricoles dépassent trois ou quatre fois les besoins, serait le symptôme d’un réveil commercial très prochain. Les développemens tout-à-fait inattendus de l’industrie proprement dite, le progrès rapide de la marine marchande, ne sont pas des symptômes moins significatifs. La situation financière du Portugal ne présente pas, à beaucoup près, un aspect bien brillant ; qu’on la compare cependant à ce qu’elle était, il y a un an, à l’époque de l’entrée aux affaires du comte de Thomar, et on reconnaîtra encore ici une amélioration très sensible. Il suffit pour cela de consulter l’infaillible baromètre des fonds publics ; les billets de l’ancienne banque de Lisbonne (papier actuel)