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SOUVENIRS


DE


LA GUERRE D'ITALIE


SOUS LE MARECHAL RADEZKY.




I

C’est en 1847, au fond d’un pauvre village de la Styrie, où résidait une partie de mon régiment, que vint me trouver l’ordre de partir pour l’Italie. Il y a des événemens qui ressemblent à des présages, et de ce nombre est peut-être celui qui précéda de quelques jours notre marche vers la Lombardie. Il semblait comme le prélude des luttes plus nobles et plus sanglantes qui nous attendaient sur les bords de l’Adige ; c’était déjà en pleine paix la vie de guerre qui se révélait à nous, cette vie d’aventures et de combats dont il me tardait de connaître les glorieux hasards, et dont les détails, les particularités, trop négligés par l’histoire, donneront peut-être quelque intérêt à ces souvenirs.

Le 4 août 1847, j’avais passé la soirée au bal, aux eaux de Gleichenberg ; je revenais après minuit au village où mon peloton était cantonné, lorsque j’entendis frapper l’alarme sur la planchette avec les maillets de bois[1]. Il était trois heures du matin ; je lançai mon cheval

  1. Dans les villages où la cavalerie est cantonnée, chaque soldat a devant la maison du paysan chez lequel il loge une planchette de bois, suspendue horizontalement par deux cordes, sur laquelle il frappe avec deux maillets de bois, pour donner divers signaux.