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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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31 août 1850.

Le roi Louis-Philippe est mort le mardi, 26 de ce mois, au château de Claremont, dans sa soixante-dix septième année. On lui rend aujourd’hui les derniers devoirs. Nous nous associons par tous nos regrets et par tous nos hommages à cette nouvelle douleur, qui vient combler les tristesses d’une auguste famille ; nous suivons en pensée sur la terre étrangère les funérailles du prince exilé. Sur sa tombe à peine fermée, nous saluons avec respect, avec confiance, cette forte génération qu’il laisse derrière lui, ces quatre fils dont la France apprit si vite à estimer la jeunesse, ces deux enfans si pieusement élevés par la noble veuve de celui qui avait été le meilleur espoir de la France. Au milieu même du deuil qu’ils conduisent, nous leur connaissons à tous une consolation précieuse : c’est le sentiment de leur indissoluble union. La maison d’Orléans avait honoré le toit royal sous lequel elle habita dix-huit ans par la pratique sincère et sans faste de toutes ces vertus de la vie privée qui ne logent pas toujours dans les palais. Le père était un chef aimé, obéi ; sa vigoureuse discipline avait entretenu parmi tous les siens un commerce plus affectueux qu’il ne l’est d’ordinaire entre les princes. Lorsque la main des pillards de février eut violé les asiles les plus secrets des Tuileries et jeté au vent leurs correspondances les plus intimes, on sut mieux alors dans le public combien il y avait là de goût pour les obligations et les joies du foyer. On vit par de touchans témoignages que ces brillans jeunes gens groupés autour du trône n’avaient jamais cessé de partager leur cœur entre les devoirs de la soumission filiale et les épanchemens de l’amitié fraternelle. La maison d’Orléans recueille maintenant le prix de ces bonnes mœurs domestiques. Le père, comme on le nommait dans la familiarité douce et discrète de cet intérieur si bien gouverné, le père lègue à ses héritiers une tradition de concorde qui sera peut-être leur plus utile apanage. En un temps comme le nôtre, où l’on cherche par-dessus tout à s’appuyer quelque part, où