Page:Revue des Deux Mondes - 1850 - tome 7.djvu/954

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

produit des dîmes, et faciliteraient l’établissement d’un impôt foncier par la transformation des vakoufs en terres libres. Si l’on préfère le moyen le plus honorable et le plus hardi ; il n’y a point à hésiter, c’est celui des réformes d’ailleurs ceux qui ont vu de près le gaspillage que produit nécessairement le système actuel ne craignent pas d’affirmer qu’elles suffiraient à rétablir avant trois ans l’équilibre des recettes et des dépenses.

Les entraves que le parti de la réforme peut encore aujourd’hui rencontrer dans les mauvaises dispositions de ses adversaires sont nombreuses sans doute, en dépit des améliorations déjà accomplies ; mais ces améliorations, dont chacun peut dès à présent apprécier le caractère, ont été gênées en leur temps par des obstacles bien autrement redoutables. Depuis le jour sanglant où le sultan Mahmoud rendit possible l’institution d’une nouvelle armée régulière, par l’extermination d’une milice indisciplinée, jusqu’au jour plus calme de la proclamation du hatti-chérif de Gulhané, qui a inauguré la tolérance, l’empire ottoman a passé par les plus terribles vicissitudes ; il a été éprouvé par toutes les calamités. Et cependant c’est au milieu même de cette succession de guerres civiles et de guerres étrangères, toutes également malheureuses, que la pensée de la réforme a grandi : tout était à tenter, tout était obstacle, et combien de raisons alors de douter du succès ! Au dehors l’Europe indifférente ou hostile, au dedans les populations chrétiennes surexcitées par l’exemple de la Grèce et de l’Égypte, enfin une complète anarchie administrative avec des fonctionnaires malveillans et ignorans, tel était le spectacle que le divan avait devant les yeux. Chacun prédisait la ruine prochaine de l’empire turc, tant le mal semblait irréparable ! Le gouvernement du sultan n’a pas reculé devant sa tâche, et s’il n’a pas réussi en toutes choses au gré de ses voeux, il a obtenu du moins des résultats dont les populations lui tiennent compte, et qui lui ont rendu à lui-même plus d’énergie et de vigueur. Le bien qui est accompli est une aide, un encouragement pour ce qui reste à entreprendre. La tâche, quoique laborieuse encore, est devenue plus facile qu’aux premiers temps de la réforme. Les hommes qui ont pris, avec le sultan Mahmoud et son jeune successeur, l’initiative des innovations ont trop de patriotisme pour s’arrêter à moitié chemin.


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

YO SAN FI-ROK, OU L’ART D’ELEVER LES VERS A SOIE AU JAPON[1]. — Cet intéressant ouvrage parait augmenté d’un commentaire de M. Mathieu Bonafous, l’un de nos agronomes les plus éminens, les plus érudits, et dont les studieuses recherches ont déjà contribué puissamment, à diverses époques, aux développemens de l’industrie de la soie : c’est la traduction exacte d’un livre japonais, le premier qui ait passé tout entier, dans notre langue. Le traducteur est le docteur Hoffmann, de Leyde, interprète du roi des Pays-Bas, le seul orientaliste d’Europe qui possède complètement la langue japonaise. M. M. Bonafous a enrichi le travail du docteur Hoffmann de notes destinées à comparer

  1. Un vol. in-8o, Paris, chez Mme Bouchard-Huzard, 7, rue de l’Eperon ; Turin, chez Bocca.