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L'EMPEREUR SOULOUQUE


ET


SON EMPIRE.




DEUXIEME PARTIE.




III. - L’ILLUMINISME NEGRE; - LES DVOTIONS DE Mme SOULOUQUE. - LA CHASSE AUX FETICHES.


Eh ! eh ! Bomba, hen ! henu[1] !
Canga bafio té
Cana moune dé lé
Canga do ki la
Canga li.


J’ignore si je viens de parler là sénégalais ou yolof, foule ou bambara, mandingue ou bouriquis, arada ou caplaou, ibos ou mokos, congo ou mousombé : tout ce que je puis affirmer, c’est que je viens de parler nègre. Quand ces mots incompris, alternativement chantés par une et plusieurs voix, s’élançaient en crescendo du milieu des ténèbres, les colons de l’ancien Saint-Domingue faisaient compter leurs esclaves, et la maréchaussée était sur pied. On savait ces mots dans l’armée d’Hyacinthe ; on les hurlait, à minuit, autour des grands feux allumés dans le camp de Biassou. Pétion et Boyer avaient presque réussi à les interdire, et les bandes d’Accaau les avaient remis en honneur.

  1. Les deux premiers sons de la première ligne sont prononcés très ouverts, et les deux dernières de la même ligne ne sont que des inflexions sourdes.