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55 pour 100, ce qui, le calcul des moyennes admis, est une hypothèse très large, il resterait 45 millions pour l’intérêt du capital, qui, les dépenses du chemin de Lyon comprises, ne s’élève pas à 900 millions pour la part des compagnies. Ce serait donc un revenu net de 5 pour 100 et non pas de 3 et demi pour 100, comme le suppose M. Pelletier, dont il faudrait tenir compte en évaluant l’indemnité. La rente à servir, dans son système, serait donc, pour 4,000 kilomètres de chemins de fer, de 60 millions, que l’on porterait au budget des dépenses, et l’on n’aurait que 133 millions au lieu de 159 à porter, pour le revenu brut, au budget des recettes.

En parcourant un à un tous les élémens de l’indemnité de 90 millions de rente que M. Pelletier tient en réserve pour désintéresser les industries dépossédées, on rencontrerait des omissions et des mécomptes encore plus manifestes. Après l’exemple des chemins de fer, je ne citerai que celui des banques. En leur enlevant le privilège des émissions pour le conférer à l’état, M. Pelletier ne leur adjuge aucune compensation. Il croit apparemment avoir assez fait en leur rendant la libre disposition de leur capital. Le capital des banques qui sont absorbées dans l’unité de la Banque de France s’élève à 108 millions. La valeur des actions qui sont cotées encore ; malgré la dépréciation qu’elles ont subie depuis deux ans et demi, au taux de 2,300 francs, suppose un capital supplémentaire d’environ 102 millions. Il faudrait donc servir aux actionnaires de la Banque de France une rente d’au moins 5 millions, en les obligeant à liquider cette grande et utile entreprise.

M. Pelletier demande 100 millions pour les dépenses de l’instruction publique. Le budget de l’instruction publique s’élève aujourd’hui à 22 millions. En 1849, on demanda 49 millions à l’assemblée constituante pour rendre l’instruction gratuite ; mais les socialistes, qui prétendent établir la gratuité à tous les degrés, et donner à qui la réclamera une instruction complète, ont besoin, comme le dit M. Pelletier, de 100 millions au moins. Le système étant donné, cette magnifique allocation se trouvera infailliblement et avant peu trop modeste. Quand l’instruction est un droit pour le peuple et un devoir pour l’état ; quand le père de famille peut se décharger sur les représentans officiels de la société des dépenses qu’entraîne l’enseignement, il ne tarde pas à demander qu’on le dégrève de celles de l’éducation ; il n’y a qu’un pas de l’instruction gratuite à l’éducation gratuite, et de l’éducation gratuite à l’éducation commune. L’état, en se substituant à la famille, ne prend pas de ces devoirs ce qu’il lui plaît de prendre. La limite est donnée par le système. Qui se charge d’instruire les enfans du peuple contracte en même temps l’obligation de pourvoir à leur nourriture et à leur entretien. Les lois de Lycurgue sont au bout des combinaisons