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de l’île de Cuba, quand le gouvernement était décidé à le confier au général D. José de la Concha, n’a pu supporter ce petit désappointement, et là-dessus il a brisé avec le cabinet. Du reste, c’est une affaire qui n’a pas eu la plus petite influence sur la situation.

Puisque nous parlons de l’île de Cuba, il est à propos d’ajouter quelque chose sur les grandes réformes que le gouvernement espagnol vient d’y introduire. À la faveur des discordes péninsulaires, il s’était glissé dans l’administration de cette colonie lointaine de fâcheux abus dont plus d’un capitaine-général a fait son profit. Ainsi, par exemple, il fallait que le capitaine-général apposât sa signature sur une multitude de pièces qui n’en avaient pas besoin ; mais on payait chacune de ces signatures 1 franc, et cela faisait un revenu de dix-huit mille piastres par an. Chaque navire qui entrait au port devait être muni d’un permis du capitaine-général, et ce permis valait cinq ou six piastres fortes à l’autorité qui le délivrait. Le gouvernement fait la guerre à ces mœurs d’un autre âge. Le général Concha et ses successeurs n’auront plus tous ces petits bénéfices qui constituaient à la colonie de grands griefs contre la métropole, et qui fournissaient au gouvernement anglais des révélations peu agréables pour l’honneur des capitaines-généraux. Cette réforme, le renfort de quatre mille hommes qu’on envoie an général Concha, l’établissement prochain d’un service mensuel de bateaux à vapeur, dont deux sont déjà achetés, entre la Havane, Puerto-Rico, les îles Canaries et Cadix, assurent pour long-temps à l’Espagne la possession pacifique de ses provinces d’outre-mer. Le général Coucha est déjà parti à bord du vapeur Caledonia, conduisant six cents hommes de troupes. Le reste s’en va sur des bâtimens marchands, escortés par deux bricks de guerre. On a fait aussi grand bruit, dans ces derniers jours, d’une prétendue insurrection qui aurait eu lieu à Pinar-del-Rio, dans cette même île de Cuba, et dont le chef serait le commandant militaire de cette petite ville, D. Ramon Sanchez, Américain de Venezuela au service de l’Espagne depuis son enfance. Il n’y a là qu’un conte dont les dépêches officielles ont démontré la fausseté. On jouit maintenant, à Cuba, de la tranquillité la plus parfaite, et l’on s’y moque des projets ridicules de Lopez.

Le calme dont on avait cru jouir aux États-Unis après l’adoption du compromis de M. Clay n’aura malheureusement pas duré long-temps. Les dernières nouvelles sont loin d’être à la paix, et l’agitation générale, les rivalités ordinaires, la dislocation croissante des partis, ont recommencé de plus belle. Les deux principaux points du compromis enlevé pour ainsi dire d’assaut dans la chambre des représentans, les deux points par où M. Clay avait surtout essayé d’accorder, en les compensant, les satisfactions réclamées de part et d’autre, c’étaient, on s’en souvient, pour le nord, l’admission de la Californie parmi les états, l’érection du Nouveau-Mexique en territoire, et par conséquent une diminution de l’état du Texas, moyennant, il est vrai, une indemnité de 40 millions de dollars ; — pour le sud, une loi qui facilitait l’extradition des esclaves, et empêchait les abolitionistes du nord de les couvrir aussi aisément contre les recherches de leurs maîtres. Ces deux mesures, devenues maintenant obligatoires dans toute l’Union, n’en sont pas moins l’objet d’attaques furieuses, qui ne s’arrêtent point devant la consécration législative, qui ne s’expriment