Page:Revue des Deux Mondes - 1850 - tome 8.djvu/752

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


Séparateur


14 novembre 1850.

Nous avons d’abord à constater l’excellent effet produit par le message de M. le président de la république ; nous sommes heureux d’être à même d’exprimer ici, sans arrière-pensée comme sans réserve, l’hommage rendu de tous côtés à la noblesse de ses intentions et de ses paroles. C’est quelquefois une âpre besogne de traduire avec la fidélité dont nous nous faisons un devoir les impressions si mobiles en apparence, et au fond cependant presque toujours si justes du public en masse, du grand public qui ne prend pas le mot d’ordre des coteries ; on court le risque, à ce métier-là, de ne pas constamment charmer ses amis, tout en continuant de ne point agréer à ses adversaires. Par bonheur, on est bien dédommagé de cet inévitable chagrin le jour où l’on trouve sa liberté à son service pour publier franchement cette universelle et loyale approbation qui se forme en dehors des partis, qui ne marchande point, qui ne biaise point avec elle-même, qui va droit récompenser tout ce qu’il y a de bon et d’honnête, l’honnêteté fût-elle au pouvoir. Il est dans l’honnêteté politique un ascendant qui s’exerce d’une façon irrésistible sur la foule sincère des gens désintéressés. Cette immense majorité, qui voudrait le bien pour le bien, et qui a la juste appréhension d’être trop souvent égarée ou séduite par l’éclat des faux dehors, ce vrai peuple qui a trop de raison de se méfier des glorieux ou des habiles, se sent bientôt rassuré quand on vient au-devant de lui à cœur ouvert et en toute simplicité. Nous avons tant connu de fins joueurs qui cachaient leur jeu et n’y gagnaient pas plus, que nous sommes enchantés de voir quelqu’un qui ose jouer à peu près cartes sur table. On a promené sous nos yeux de si pompeuses machines, on a pavoisé les opinions de couleurs si magnifiques, mais si criantes, que l’on nous en a, pour ainsi parler, tourné la tête et donné le vertige ; aussi