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POESIES ROMANES


INEDITES


DES QUATORZIEME ET QUINZIEME SIECLES.




Il y a environ un demi-siècle que la langue et la littérature romanes, grace aux savantes publications de M. Raynouard, ont commencé à sortir de l’obscurité qui les avait trop long-temps couvertes. Cette langue et cette littérature, les premières qui soient nées en Europe après la chute de l’empire romain, et qui n’ont disparu qu’après avoir donné naissance aux langues et aux littératures de l’Italie, de l’Espagne, de la France elle-même, sont maintenant connues et appréciées. M. de Sismondi, dans sa Littérature du midi de l’Europe, et plus récemment M. Villemain, dans son admirable Tableau de la Littérature au moyen âge, ont consacré aux troubadours la place qui leur appartient en tête de l’histoire littéraire moderne. Les noms des plus illustres parmi ces poètes, Bertrand de Born, la comtesse de Die, Arnauld de Marveilh, Geoffroy Rudel, sont devenus familiers à quiconque est un peu curieux de ces sortes d’études. En 1837, M. Fauriel a fait faire un pas de plus à cette résurrection en publiant, dans la collection des Documens inédits de l’Histoire de France, le grand poème sur la croisade contre les Albigeois, attribué à Guillaume de Tudela, et qui contient près de dix mille vers.

Voici maintenant une nouvelle série de publications qui vient compléter les précédentes. Les pièces que contient le recueil de M. Raynouard appartiennent toutes aux XIe, XIIe et XIIIe siècles ; c’est en effet, dans une période d’environ deux cents ans, de la seconde moitié du XIe siècle à la première moitié du XIIIe, que la littérature romane ou provençale atteignit son apogée. Le poème édité par M. Fauriel est lui-même de 1215 à 1220. La guerre contre les Albigeois porta le coup mortel à l’indépendance de la France méridionale ; ce pays, qui avait jeté un si grand éclat, descendit brusquement au second rang, et, en vertu