Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 10.djvu/1142

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LA POESIE


ET


LES POETES POPULAIRES.




I. — Muse populaire, Chants et Poésies, par Pierre Dupont ; 1 vol. in-18, Paris, 1851.

II. — Fables de Pierre Lachambeaudie, 4 vol. in-18, 10e édition ; Paris, 1851.




Y a-t-il une poésie populaire ? Incontestablement. Y a-t-il des poètes populaires ? La réponse est ici plus difficile. Le nombre en est infiniment restreint, et l’on ne s’en étonnera pas, si l’on considère les qualités et les vertus qui sont nécessaires à un poète pour raconter l’existence du peuple, pour en pénétrer les mystères, pour vivre de la même vie que lui : l’infaillibilité morale et la certitude d’être dégagé de l’erreur et du préjugé auxquelles il faut être arrivé pour avoir le droit de parler en son nom. Si le poète n’est pas lui-même un homme du peuple, si même, lui appartenant par les liens du sang, il en est sorti par l’éducation, par les mœurs, par les habitudes, par le monde qu’il fréquente et la nouvelle sphère sociale dans laquelle il est entré, on a le droit de lui demander compte du moindre mot violent, du moindre accent de haine et de colère qu’il laissera échapper. Pour qu’un poète appartenant à l’une des classes supérieures de la société ait moralement le droit de parler au nom du peuple, il faut qu’il ait acquis ce droit par une carrière si entièrement dévouée au bien et par