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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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31 mars 1851.

Il n’est peut-être pas inutile de dire aujourd’hui quelques mots de bonne intention et de bonne foi sur la situation de M. le président la république au milieu des partis qui divisent la France, sur celle que se font les partis eux-mêmes. Nous l’avouons en toute sincérité, ce sont les débats élevés à propos de la loi électorale du 31 mai, ce sont les équivoques dont on n’a d’aucun côté assez affranchi cette discussion, ce sont les réticences par lesquelles elle a dû passer pour devenir insignifiante, qui nous engagent à nous expliquer au contraire le plus catégoriquement possible sur un chapitre en soi fort délicat. C’est cette affectation d’obscurité dans un sujet où il faut que tout le monde voie clair, c’est, pour ainsi parler, cette obstination dans le vague qui nous détermine, quant à nous, à tâcher d’en sortir.

La loi du 31 mai, 1850 n’a pas cessé, que nous sachions, d’être ce qu’elle était le jour où elle fut promulguée ; elle a maintenant encore le double caractère qu’elle eut dès l’origine ; elle est une victoire signalée de la souveraineté régulière sur les forces insurrectionnelles qui menaçaient celle-ci de l’émeute, et qui reculèrent cette fois enfin devant l’accomplissement de leur menace ; elle est une correction constitutionnelle et légale du principe révolutionnaire de l’absolue souveraineté du nombre, avec lequel il n’y a de salut pour aucune constitution. De par ce double titre, il semblerait naturel que la loi du 31 mai fût en grande révérence auprès de tous ceux qui sont censés vouloir donner une assiette plus stable soit à nos très jeunes institutions, soit même avant tout à notre vieille société. Telle est cependant notre mauvaise fortune que nous sommes à présent plus loin que jamais de cette unanimité si désirable. On a vis-à-vis de soi la masse compacte du parti radical qui revendique le suffrage universel comme un trophée, comme un instrument à lui ; on ne peut se dissimuler que c’est surtout le despotisme des radicaux qui a