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M. Fould, a donné un corps à ces hypothèses. M. Fould pense que découvert de 646 millions se trouvera réduit à 616 millions, au 31 décembre 1851, par les annulations de crédit opérées jusqu’à concurrence de 30 millions sur l’exercice 1850, et il ajoute : « En regard de ces 616 millions, qui sont le chiffre extrême des découverts, vous avez à mettre, d’une part, une somme qu’il est difficile de fixer d’une manière certaine, mais que dans plusieurs occasions j’ai portée à 100 millions : c’est le chemin de fer de Lyon, exécuté jusqu’à Châlons. Ce chemin de fer, s’il est vendu, vaudra cette somme, je l’espère. Vous avez donc déjà une réduction de 100 millions, restent 516 millions. Nous vous avons demandé l’autorisation d’aliéner certaines forêts ; le ministre des finances est en position aujourd’hui de réaliser jusqu’à concurrence de 25 millions de ces propriétés… Vous avez en outre 43 millions de valeurs dans le portefeuille du trésor qui n’ont pas encore été comptés dans l’actif : ces valeurs proviennent de la compagnie du chemin de fer du Nord. Il reste des obligations de la compagnie du chemin de fer de Rouen 14 millions ; 43 et 14, font 57 : c’est donc 57 millions à déduire des 516 millions. Vous arrivez à 460 millions : » Pour compléter les calculs de M. Fould, il faut retrancher encore les 25 millions qui représentent, suivant lui, le produit des forêts que le ministre des finances est autorise, à aliéner ; à ce compte, le découvert se trouverait ramené à 435 millions, à la fin de l’exercice.

Le tableau que trace de la situation l’ancien ministre des finances n’est-il pas quelque peu flatté ? pour approcher de la vérité ne faut-il pas porter sur l’ensemble des faits une appréciation plus sévère ? J’admets, pour la liquidation des exercices antérieurs à 1850, le chiffre des découverts tel que l’indique l’exposé présenté par M. de Germiny ; je le suppose invariablement fixé à 465,875,600 fr. J’adopte, pour 1850, l’évaluation qui a été faite par la commission des crédits supplémentaires soit un découvert de 91 millions. Quels seront maintenant les résultats de l’année 1851 ? L’excédant des dépenses votées ou à voter s’élevait au commencement de février, à 77 millions. Les mois qui vont s’écouler grossiront probablement encore de 25 à 30 millions le chiffre des crédits supplémentaires, et porteront à 107 millions l’insuffisance des ressources telles que le budget les évalue. Ces évaluations seront-elles dépassées ? Les contributions indirectes, dont la commission du budget a estimé, les produits à 718 millions pour 1851, rendront-elles 22 millions de plus, ainsi que M. Fould le suppose ? Il y aurait de la témérité à l’affirmer. Déjà le produit des deux premiers mois est inférieur de 1 million environ à celui de janvier et février 1850. Le ralentissement du travail et par conséquent de la consommation pendant le mois de mars a dû encore être plus sensible ; la crise