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de la dette flottante. Les remboursemens qui interviennent sont presque toujours compensés par des placemens nouveaux. J’en dirai autant des bons du trésor. Il faut ouvrir un refuge aux capitaux qui, en attendant, un emploi, définitif, cherchent un emploi temporaire. Le trésor est le banquier naturel des capitalistes grands et petits qui ne veulent pas garder un fonds de caisse improductif. Il reçoit, en payant un loyer modique, ces richesses flottantes qui sans cela ne porteraient pas d’intérêt ou qui iraient grossir le courant déjà assez fort de la spéculation en matière de fonds publics, ou de valeurs industrielles. C’est là une ressource élastique ; mais pour pouvoir, en cas de nécessité, emprunter largement sous cette forme, il faut tenir en circulation une certaine somme, de billets et ne pas faire perdre aux capitalistes l’habitude de considérer le trésor comme une caisse de dépôt. L’Angleterre a émis des billets de l’échiquier jusqu’à concurrence de 600 millions de francs. Sa dette flottante échafaudée sur cette unique base, s’élève encore aujourd’hui à 400 millions. Sans aller jusque-là, sans jeter, comme le dernier ministère de la monarchie, pour 320 millions de bons de trésor sur la place, il est permis de penser qu’une circulation habituelle de 100 à 120 millions, qui, pourrait, le cas échéant, s’étendre à 200 millions, n’aurait rien d’exagéré pour la France, même avec les élémens de trouble inhérens, au système républicain.

Les avances, des receveurs-généraux ont varié de tout temps entre 50 et 60 millions, elles approchent aujourd’hui de 80 millions. C’est une ressource dont on abuse, un moyen de crédit que l’on tend jusqu’à le forcer. Il ne faut pas attirer à Paris tout l’argent, ni tout le crédit de la France. Le ministre fera sagement de rembourser aux receveurs-généraux 20 millions, en ramenant ainsi leurs avances au niveau qu’elles atteignaient il y a quinze mois. Les banquiers départementaux du trésor recouvreront ainsi une certaine liberté d’action et les capitaux que le public leur confie chercheront un emploi dans les entreprises locales.

Les fonds des caisses d’épargne tendent à devenir encore une fois le véritable embarras de la dette flottante. Les dépôts accumulés et versés en compte courant au trésor s’élevaient, le 1er mars 1851, à 140 millions. Depuis le 1er mars 1850, l’accroissement avait été de 57 millions ; il s’opère aujourd’hui, selon le témoignage de M. le ministre des finances, à raison de 7 à 8 millions par mois. À ce compte, le 31 décembre 1851, les fonds des caisses d’épargne entreraient pour plus de 200 millions dans la composition de la dette flottante.

La dette que contracte l’état à l’égard des déposans est exigible à toute heure. L’état ne peut ni fixer un terme aux remboursemens, comme lorsqu’il s’agit des bons du trésor, ni en échelonner les échéances ; c’est un compte courant dans, lequel il reçoit et emploie les fonds, en s’engageant à les tenir disponibles et à les restituer à la première