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Comme un dogue saxon, il lui sautait au cou,
Lorsqu’une belle enfant, se levant tout à coup,
(Celle qui devant nous, légère, danse et passe)
Cria : « Venez ici, père, et prenez ma place. !… »
Muet, il obéit ; mais, on l’a dit plus tard,
Des pleurs tendres brillaient sous les cils du vieillard.

— « Commère ! ah ! je pressens un concert de merveilles !
De grace, poursuivez, car je suis tout oreilles.

— « La mère de l’enfant, à peine il faisait jour,
Entre au manoir : « Nola, mon orgueil, mon amour !
Ma fille, embrassez-moi, vous n’êtes plus servante,
Mais une femme libre et qu’il faudra qu’on vante.
Un richard ignoré se fait votre soutien.
Marc, en vous épousant, vous donne tout son bien.
Le maître jardinier, heurtant à ma chaumière,
Cette nuit m’a conté l’histoire tout entière.
Oui, vous êtes, Nola, ma joie et mon honneur,
Car votre vertu seule a fait votre bonheur… »
Puis, comme elle restait sans répondre, la mère
Dit : Me laisserez-vous mourir dans la misère ? —
Elle n’hésita plus. Dès-lors ce fut chez nous,
Voisine, un caquetage à rendre les gens fous.
Avec pompe à l’église enfin fut célébrée
Cette union, hélas ! de bien peu de durée.
Mais quel jeune prendra le lit du vieil époux ?
On nomme cent rivaux, on nomme cent jaloux. »

Une heure ainsi jasa la commère Catelle ;
Car je passe, lecteur, les dit-il, les dit-elle,
Et les digressions sur chaque prétendant,
Puis les gestes ; les cris, les soupirs ; cependant
Ici dut s’arrêter cette maîtresse langue,
Car l’autre, qui brûlait d’entamer sa harangue,
S’écria… Mais, bon Dieu ! plutôt qu’un tel discours,
D’un fleuve débordé suivre, suivre le cours !

Durant tout ce narré, les rondes, les gavottes
N’avaient cessé leur train, ni le hautbois ses notes.
L’heureux fermier sentait l’argile se durcir ;
On dansait par devoir autant que par plaisir ;
Nul oisif ; cette sœur pleurant encor son frère
Dansait, même les vieux suivaient à leur manière ;
On disait : Je travaille ! Oui, jusques aux dévots