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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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31 mai 1851.

L’histoire de l’assemblée législative est depuis quelques jours toute pleine de vivacités et d’orages : c’est une série d’incidens qui se détachent en relief sur le fond même de la situation, qui s’y rapportent de près ou de loin, qui même en naissent quelquefois, qui d’une manière ou de l’autre la dessinent et l’accusent. Encadrée, pour ainsi dire, dans cette suite d’épisodes parlementaires, la situation s’aperçoit mieux, elle se laisse plus entièrement saisir, elle tombe maintenant tout-à-fait sous les regards du public. Il suffit de peu de mots pour en résumer le sens intime, pour en caractériser les divers aspects ; nous la réduirions volontiers à ces trois points sur lesquels nous appelons de toute notre ame la réflexion des gens de bien, les priant de s’interroger eux-mêmes en conscience sur chacune des questions que voici, et d’agir ensuite selon le juste jugement qu’ils auront prononcé, d’agir avec toutes les ressources qui sont à la disposition d’un vrai citoyen, lorsqu’il veut jusqu’à la fin dernière espérer en son pays.

N’est-il pas vrai d’abord qu’il se produit à cette heure un mouvement d’une incontestable puissance au milieu de la nation, un mouvement naturel et de plus en plus fort, qui monte à vue d’œil comme la crue des grandes eaux ? N’est-il pas vrai que dès l’instant où l’idée de la révision, pour la nommer par un nom devenu si vite populaire, a pénétré dans les couches épaisses de cette société si troublée, elle les a traversées comme un rayon de lumière ? Qu’on y prenne garde, et qu’on se demande s’il n’y a pas une analogie plus profonde peut-être qu’on ne le soupçonne encore entre la phase qui commence et celle d’où sortit l’élection du 10 décembre. On se souvient sans doute de cet irrésistible élan des masses, qui, une fois mises sur la voie, s’y portèrent sans plus rien entendre et votèrent avec la furie française. Il y avait pourtant des raisons pour