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satisfaisante ; il s’est donc borné à dessiner un petit nombre de salles déjà connues, en choisissant de préférence celles qui présentaient un caractère particulier, et il a consacré ses autres dessins, soixante-quatre sur soixante-treize, à la reproduction de salles découvertes depuis les anciennes publications. « Cette partie de l’ouvrage de M. Perret, dit M. Vitet, juge si compétent en pareille matière, quoique moins attrayante, n’est ni moins neuve, ni moins intéressante en son genre que celle qui concerne la peinture. On y rencontre des chapiteaux, des bases de colonne et autres détails architectoniques qui ne peuvent manquer de causer quelque émoi chez les archéologues. D’après leur forme et leurs principaux caractères, on les croirait volontiers postérieurs à l’an 1000, tandis qu’ils doivent être du Ve siècle au plus. Ces catacombes sont comme un réservoir où tous les âges, même à leur insu, sont toujours venus puiser. La parfaite exactitude de ces dessins d’architecture résulte des innombrables cotes prises par M. Perret lui-même. En sa qualité d’architecte, il devait apporter un soin particulier à cette partie de son travail, et les pièces justificatives sur lesquelles il s’appuie sont hors de contestation[1]. »

On peut se faire une idée maintenant de l’excellence de la collection de M. Perret, de sa nouveauté et de l’intérêt que les amis des arts devaient attacher à ce qu’elle ne restât pas ensevelie dans les cartons de l’auteur, et surtout à ce qu’elle ne fût pas perdue pour la France. Dès que le gouvernement eut connaissance de ce beau travail et qu’il eut pu en apprécier le mérite, il sentit qu’il avait un noble devoir à remplir. Il s’agissait d’élever un monument national et d’empêcher que M. Perret, contraint par la nécessité de rentrer dans des avances qui engageaient sa fortune, ne portât son ouvrage à l’étranger, qui lui faisait des offres. M. le ministre de l’intérieur pensa que cela devait suffire pour intéresser les sympathies et le patriotisme de l’assemblée. C’est à elle qu’il résolut de demander le crédit nécessaire (180,814 fr.). Le ministre n’avait pas trop présumé du bon goût et de la générosité de ses collègues, et l’ouvrage de M. Perret sera publié en France, publié par l’état, c’est-à-dire d’une manière digne de son importance et digne du pays.


II

Les Égyptiens, les Perses, les Grecs et les Romains, tous les peuples qui ont joué un certain rôle dans l’histoire du passé, nous ont laissé des traces de leur existence, des monumens de leur civilisation. Jusqu’à nos jours, les Assyriens seuls nous étaient restés à peu près inconnus. L’histoire profane et les livres saints parlent accidentellement

  1. M. Vitet, Rapport sur la publication de Rome souterraine, page 10.