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Babylone. Les annales de son règne sont inscrites sur un cylindre du Musée britannique. Le monticule de Ninive, proprement dit, probablement le Niniona de M. Botta, était occupé par le palais du fils d’Esar-Haddon, grand guerrier qui soumit la Babylonie et étendit ses conquêtes jusque dans la Susiane et l’Arménie. Comme il n’a jamais guerroyé du côté de l’occident, la Bible ne fait pas mention de ce prince. C’est sous le règne de son fils, nommé Saracus ou Sardanapale par les Grecs, que Ninive fut détruite.

Ces découvertes de M. Rawlinson sont d’un grand intérêt pour l’histoire de l’art. M. Rawlinson prétend avoir déjà retrouvé les Samaritains parmi les captifs figurés sur les bas-reliefs de Khorsabad, et il croit pouvoir reconnaître dans ces mêmes bas-reliefs, non-seulement la ville de Samarie, mais Jérusalem, son temple, son roi Ezéchias et les jeunes captives livrées à Sennachérib, figurés par le ciseau d’artistes contemporains. Ce sont là des résultats bien positifs : nous laissons à nos savarts orientalistes qui se sont livrés à l’étude spéciale des textes interprétés par M. Rawlinson le contrôle de ces découvertes ; mais si quelques doutes pouvaient être élevés sur le système d’interprétation des monumens adopté par nos voisins ; il ne pourrait en exister aucun sur l’ardeur et la persistance qu’ils mettent à les retrouver. Depuis la découverte de M. Botta, les Anglais n’ont pas cessé, en effet, d’explorer et de fouiller toutes les localités de l’Asie centrale qui pouvaient renfermer des antiquités. M. Rawlinson, consul-général à Bagdad, et MM. Loftus et Layard sont déjà célèbres par leurs découvertes ; ce dernier surtout a enrichi le Musée britannique d’envois successifs de la plus haute importance. À l’heure qu’il est, plusieurs archéologues et savans anglais sont encore à l’œuvre. Les dernières nouvelles qu’on ait reçues de l’expédition anglaise sont de Hamadan (Ecbatane) ; elles sont extraites d’une lettre du colonel Williams, qui, parti du bas Euphrate, avait traversé le Kouzistan (l’ancienne Susiane), séjourné à Chouster, autrefois la capitale de cette province, et rejoint MM. Loftus et Churchill à Despoul, sa capitale actuelle. MM. Loftus et Churchill n’avaient pu obtenir la permission de faire des fouilles dans cette partie de la Susiane. Les Seyds (fanatiques qui prétendent descendre de Mahomet) y mettaient un empêchement absolu. Leur motif était que ces fouilles avaient pour objet la recherche de la pierre noire sacrée, maintenant enfouie, et qu’ils regardent comme une sorte de palladium. L’expédition réunie s’était rendue à Hamadan (Ecbatane) par Kermanchak ; elle avait fait halte à Takt-i-bostan pour y étudier ses sculptures si connues et qui sont figurées dans le Voyage en Perse de. MM. Coste et Flandin : De Takt-i-bostan, elle devait se rendre aux célèbres rochers de Biz-i-toun, où le colonel Rawlinson a fondé sa réputation en copiant et déchiffrant plus de quatre mille lignes d’inscriptions