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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 juillet 1851.

L’assemblée nationale a ouvert aujourd’hui même le débat qui se préparait depuis si long-temps, le grand débat de la révision. Il est certainement difficile de s’abuser beaucoup sur le résultat probable d’une discussion dans laquelle les partis et les individus ont d’avance marqué leur attitude et donné leur mesure. La séance d’aujourd’hui compte déjà parmi les plus graves ; la position prise par le général Cavaignac, le noble élan de M. de Falloux, sont des symptômes caractéristiques. Ce n’est pas si vite que nous en pouvons apprécier l’effet : la lutte commence. Quelle que doive être pourtant l’issue de cette lutte, ce qu’il faut d’abord se dire, c’est qu’elle ne sera point la dernière, puisqu’il n’y a pas d’obstacle légal qui empêche de la renouveler. Ceux qui l’ont engagée, parce qu’ils la croyaient nécessaire au salut du pays, ne se sont jamais flattés d’obtenir à la première rencontre un succès qui les dispensât de prendre plus de peine ; ils sauront faire leur devoir jusqu’au bout : après le beau discours de M. de Falloux, il n’est pas permis d’en douter.

On a beau répéter qu’il restera toujours une minorité suffisante pour entraver l’accomplissement de la révision ; il ne s’agit pas tant de convertir cette minorité opiniâtre des républicains radicaux que de la réduire le plus possible à elle-même, et de lui ôter l’entourage, qui la grossit en forçant les auxiliaires qu’elle ramasse hors de ses rangs, ou à s’avouer comme tels, ou à se retirer. Vainement alors cette minorité se retranchera derrière un texte, derrière la lettre du pacte constitutionnel ; le jour où elle sera toute seule, le jour où on la verra rejetée, cantonnée sur son propre terrain, sans aucun mélange étranger, l’on ne s’y trompera plus ; vainement elle se couvrira du voile de la légalité, elle ne réussira point à n’avoir pas l’air d’une faction. Ce jour-là, bien entendu, la révision ne sera point encore acquise, puisque le radicalisme aura maintenu son veto ; mais la constitution n’en vaudra pas mieux, car le pays la jugera en jugeant ceux qui l’auront ainsi défendue. Elle recevra de ces derniers