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possible : il y a fait accompli. On a vu plus haut que la Belgique faisait payer aux navires qui ne portent pas son pavillon un droit dont sont exempts ceux qui en son couverts. Qu’a fait l’Angleterre ? Elle a immédiatement frappé d’un droit double de celui qui était prélevé en Belgique les marchandises arrivant de ce pays, sous pavillon belge, dans les ports anglais.

Ainsi point d’illusions. Nous ne saurions prétendre à jouir gratuitement, pendant un temps indéfini, du bénéfice des nouvelles lois de navigation. Nous laisserons-nous acculer à la nécessité de céder sous la pression de plus en plus impérieuse qui sera exercée sur nous ? Ne serait-il pas plus convenable et plus digne de prendre notre parti de nous-mêmes, dans la plénitude de notre liberté, sans attendre d’y être contraints ? Telle est la question qu’aura à résoudre la commission d’enquête pommée par le dernier ministre du commerce. Je suppose qu’elle l’a déjà examinée, quoiqu’on dise qu’instituée depuis plus de trois mois, elle ne s’est pas encore une seule fois réunie.

Dans de certaines conditions faciles à réaliser, la marine marchande de la France peut être soumise au régime du bill du 26 juin 1849 sans inconvénient aucun, et même à son avantage. Il serait trop long de développer ici, cette thèse qui vous révoltera peut-être au premier abord, bien qu’au fond elle n’ait rien que de tutélaire pour les intérêts considérables dont vous vous êtes fait le défenseur. Pour aujourd’hui, je n’ai voulu établir qu’une chose ; à savoir que la marine anglaise n’a pas eu à souffrir de ses nouvelles lois, comme vous paraissez le croire. Si les faits et les chiffres officiels que j’ai invoqués sont de nature, et je le pense, à mettre ce point hors de doute, ce sera un obstacle de moins à vaincre pour ceux qui poursuivent l’accomplissement de cette réforme.


J. PERODEAUD.