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mêmes, sont trop nombreux pour qu’il soit possible de les examiner tous. Quelques-uns d’ailleurs ne valent point la peine d’être nommés, et dans ce voyage à travers la vieille France, nous ferons comme les touristes, qui s’arrêtent seulement aux ruines intéressantes.

Un instant ralenties par les événement de 1848, les publications historiques ont repris aujourd’hui toute leur activité, principalement dans la Flandre, l’Artois, la Picardie, la Normandie et la Bourgogne, et en comparant à la distance de quelques années les monographies locales, on est frappé des progrès incessans de l’érudition dans les provinces. La forme, la méthode, se sont notablement améliorées ; les érudits ne se confinent plus exclusivement dans les matières archéologiques ; ils embrassent en général le passé dans son ensemble, par l’étude des faits, des mœurs et des institutions, et comme ces conquérans germains qui se partageaient en le morcelant le territoire des vieilles cités gallo-romaines, ils ont divisé le vaste domaine de l’histoire en une infinité de fiefs et d’arrière-fiefs qui relèvent, pour l’hommage, de l’Académie des Inscriptions. Clercs et laïques, bourgeois et bannerets, ils sont là, — chacun sur son terrain, — cherchant, selon que la fantaisie les pousse, — les uns des sous d’or, les autres des livres imagiés ; s’enquérant ici des blasons effacés de la noblesse, de ses expéditions en Terre-Sainte, de ses guerres et de ses alliances, là du travail des gens de petit état et des souffrances du pauvre peuple dans ce moyen-âge où le pauvre peuple avait souvent tant de peine à trouver du pain, où les chevaux de l’ennemi mangeaient en vert le blé qui devait nourrir les hommes, où les rois de France eux-mêmes n’avaient pas toujours de quoi payer le baptême de leurs enfans. Sur tous les points du territoire, c’est une évocation universelle des vieux souvenirs. Il semble que pour échapper aux inquiétudes, aux ennuis du présent, aux appréhensions de l’avenir, on se rejette avec tristesse dans le passé et qu’on cherche à se consoler de vivre en vivant avec les morts. Pour dresser l’inventaire, de tous ces livres qui parlent des vieux âges pour suivre les érudits sans s’égarer au milieu des mystères encore si nombreux de notre passé, le seul ordre qui convienne est celui qu’adoptent encore les bibliographes dans les catalogues des ouvrages relatifs à l’histoire de l’ancienne France : l’ordre géographique des anciennes provinces. Nous allons donc commencer par la Flandre et l’Artois.


FLANDRE ET ARTOIS. – LES FLAMANDS DE FRANCE. – VAN RECHEM, L’OUVRIER POETE. – LE LEGENDAIRE DE LA MORINIE. – LA CHRONIQUE DE L’AVOCAT PONTUS PAYEN.

Dans ces belles provinces, si riches en souvenirs, Lille et Arras, en qualité d’anciennes capitales et de chefs-lieux modernes, marchent en tête du mouvement historique et archéologique. L’un des représentans les plus distingués de l’érudition provinciale, M. Leglay, conservateur des archives de Lille et correspondant de l’Institut, a donné, sorts le titre de Cameracum Christianum, l’ouvrage le plus important qui ait paru depuis long-temps sur l’histoire ecclésiastique du nord de la France. Ce livre, rédigé d’après la Gallia Christiana, offre le tableau complet du diocèse de Cambrai. Il se compose de deux parties distinctes, comprenant, l’une la chronologie des évêques, des prévôts, l’histoire