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de leur dernière tenue, quelques voix s’élevèrent pour en réclamer la convocation, l’esprit de mécontentement et de révolte eut bien plus de part à ce vœu qu’une inspiration vraiment populaire. Tandis que l’institution des états-généraux s’effaçait ainsi du droit public de notre pays pour n’y reparaître que grosse d’une sanglante révolution, les institutions d’un peuple voisin croissaient rapidement en importance et en solidité. Né presque en même temps que nos états-généraux, le parlement anglais étendait ses rameaux protecteurs sur toutes les classes de la hiérarchie sociale. » Après avoir tracé un tableau exact et rapide de la naissance, des développemens, des vicissitudes et de l’établissement définitif de la constitution britannique, l’auteur recherche les causes du remarquable contraste qui se manifesta chez les deux peuples dans les voies orageuses de leur émancipation, et il résume ce savant parallèle par cette citation empruntée à M. Guizot : « En France, tout fut individuel ; la royauté ne fut que nominale. Il y eut des bourgeois dans les villes, mais point de bourgeoisie dans l’état. En Angleterre, depuis la conquête, tout fut collectif, les forces arrivèrent à l’unité par l’association. Dès son origine, la royauté fut réelle, et, cent cinquante ans après son établissement, la féodalité se divisa en deux parts, dont l’une fut la haute aristocratie, l’autre le corps des communes du pays. » Le parallèle établi par M. Boullée entre la France et l’Angleterre n’est pas flatteur, mais il est vrai, et la juste critique qui en ressort, c’est qu’à toutes les époques de notre histoire nous n’avons jamais su nettement ce que nous voulions. Un poète aimable a dit que l’homme, incrédule au matin, était dévot le soir. On pourrait dire, avec non moins de justesse, que du soir au matin la France est tour à tour démocrate ou monarchiste, athée ou bigote, conservatrice ou subversive. Il n’y a qu’une seule route où, quelle que soit la forme du gouvernement, nous ne sachions pas nous tenir : c’est celle du progrès sérieux et pratique, du progrès calme et régulier.

Dans le département de l’Ain, l’histoire et l’archéologie gallo-romaine ont été cultivées avec beaucoup de succès par M. Jolibois, curé de Trévoux, et M. Greppo, vicaire-général de Belley et correspondant de l’Académie des Inscriptions. M. Jolibois a publié des dissertations sur l’Atlantide, la colonie grecque de Lyon, et sur l’étymologie du nom de cette ville. On lui doit aussi des études sur les traditions des géans, sur le Mediolanum des Ségusiens, sur l’histoire ancienne du pays de Dombes, avec des appendices, l’un relatif aux poypes ou tumuli de cette contrée, l’autre au lieu où fut donnée la bataille qui décida, en l’an 197, entre les deux compétiteurs de l’empire, Albin et Septime-Sévère. M. Jolibois démontre avec une entière évidence que cette bataille célèbre n’a pu se livrer, comme on l’avait soutenu jusqu’à lui, aux environs de Trévoux, mais sous les murs mêmes de Lyon et sur la rive droite de la Saône.

La Franche-Comté et le Dauphiné n’ont produit, comme le Lyonnais, qu’un nombre restreint de livres archéologiques et historiques, dont les plus importans sont l’Histoire de la Franche-Comté de M. Rougebief et l’Histoire du Diocèse de Besançon et de Saint-Claude de M. l’abbé Richard. Cet excellent travail, fait d’après les sources mêmes, est écrit avec méthode et enrichi de pièces justificatives intéressantes. Nous indiquerons encore l’Histoire de la ville de Gray et de ses monumens, par M. l’abbé Gatin, curé d’Héricourt, et M. l’abbé Besson, ouvrage couronné par l’académie de Besançon ; — l’Entrée et Séjour de Charles VIII à Vienne en 1490, avec les histoires jouées en cette ville à l’occasion de