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LES ARTS EN BELGIQUE


ET


L’EXPOSITION DE BRUXELLES.





Bruxelles a eu aussi son exposition, exposition universelle, c’est ainsi qu’on l’a nommée, dans l’intention fort innocente assurément de rappeler la grande exposition de Londres. Quelle exposition d’œuvres d’art n’est point universelle, et dans quel pays a-t-on jamais songé à protéger l’art national contre la concurrence étrangère? Un jour viendra peut-être où les artistes contemporains, qui n’ont déjà fait que trop d’emprunts à l’industrie, voudront aussi expérimenter à leur profit les procédés du système protecteur; mais ce jour est encore éloigné, nous aimons à le croire, et pour le moment, lorsqu’on ouvre une exposition d’œuvres d’art, on invite courtoisement les artistes étrangers à y prendre leur place; on les reçoit, on leur fait fête, on leur donne le grand jour, l’espace et le lieu le plus honorable. Ainsi a-t-on fait à Bruxelles. L’idée d’une exposition universelle une fois acceptée, une commission d’artistes s’est mise à l’œuvre; des lettres d’invitation ont été adressées à Dresde, à Paris, à Rome, à Munich, à Dusseldorf. à La Haye, à Madrid, partout enfin où resplendit une école, partout où l’on pouvait soupçonner l’existence d’un peintre, et on a pu réunir ainsi tous les élémens d’une exposition remarquable, où les œuvres des artistes belges, opposées à celles des artistes français ou allemands, révèlent pour la première fois toute leur valeur.

Après avoir invité tant d’hôtes éminens, il restait encore cependant à édifier le palais qui devait les recevoir. Le musée de Bruxelles est vaste; mais les chefs-d’œuvre sont devenus si communs, qu’à chaque