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le trésor du pays et l’administration coloniale. De temps à autre, le roi faisait présent au budget de quelques faibles restes des recettes de l’Inde. D’un "autre côté, les chambres votèrent au profit de l’état en Europe, mais en réalité à la charge des colonies, des emprunts s’élevant à des centaines de millions, auxquels le trésor du pays servait de garantie. Ainsi on recourait au pouvoir législatif, quoique contrairement au système suivi jusqu’alors, pour appliquer les recettes des Indes présentes et futures au service des emprunts contractes par le pays, sans que toutefois on eût accordé aux états généraux la faculté de jeter un coup d’œil sur les finances des colonies : on ne voulait pas mettre en lumière ce fait, que les états étaient exclus de toute coopération, régulière à l’organisation coloniale, et réduits à prendre simplement connaissance de l’état des revenus coloniaux. »

Dans un curieux écrit sur les Finances néerlandaises, un autre écrivain[1] faisait, au sujet de la crise financière de 1839, les réflexions suivantes : « Quel est le patriote qui ne serait effrayé en contemplant le long tableau de la mauvaise administration qui a chargé la petite nation néerlandaise de ces centaines de millions dont les intérêts dévorent chaque année les fruits du travail national ? Cette situation funeste ; qui est venue nous surprendre au milieu de la paix et de la prospérité, n’a pas été le résultat de ces désastres extraordinaires qui anéantissent les peuples sans leur faute : elle a été amenée par l’incapacité et la perversité réunies… Si nous voulons échapper à la ruine à laquelle nous touchons de si près, il faut absolument que nous ne nous fassions pas illusion sur le système suivi jusqu’à présent par le gouvernement. Lors de la renaissance de notre indépendance, le montant de notre dette avait été réduit au tiers. Les rentes s’élevaient alors à 13 millions de flor. La riche et industrieuse Belgique fut réunie à nous ; que ne pouvait-on pas attendre des finances d’un pareil état ? Quelques désastres imprévus exigèrent à la vérité des dépenses extraordinaires, mais pas au-dessus de nos forces, et le gouvernement, avec de l’ordre et de l’économie, aurait pu, dans l’espace de quinze ans, sinon éteindre entièrement, au moins diminuer la dette de moitié. Si la Belgique s’était alors séparée de nous, les intérêts des deux pays auraient pu être réglés facilement Si les ressources de la fidèle nation néerlandaise n’avaient pas été dissipées pour des intérêts personnels, nous nous trouverions aujourd’hui chargés d’une dette peu considérable, en possession de nos riches colonies et dans un état de complète prospérité nationale. »

La Hollande entière frémit. Elle avait cru aux merveilles de l’Orient,

  1. M. Ackersdyck, professeur d’économie politique à Utrecht, un des économistes les plus distingués des Pays-Bas. Il a été chargé par le gouvernement de fréquentes missions scientifiques à l’étranger.