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avec 204,1 466 tonneaux de marchandises, tandis qu’il en sortait 881, jaugeant 274,955 tonneaux. En 1849, le chiffre des entrées de bâtimens de long cours s’est élevé à 1,147, portant 259,917 tonneaux, et celui des sorties à 1,063 navires, répartis de la manière suivante : 129 sur lest pour différens ports du pays, 54 également sur lest pour des ports étrangers, 154 qui remportaient leur chargement, 46 chargés de diverses denrées, 54 emportant des marchandises étrangères, et 630 avec des produits nationaux destinés à divers points du globe. Le cabotage a donné les chiffres suivans en 1845 : embarcations entrées 2,373 ; tonneaux, 168,872 ; embarcations sorties, 2,382 ; tonneaux, 172,136. En 1849 : embarcations entrées ; 2,402 tonneaux, 214,869 ; embarcations sorties 2,383 ; tonneaux, 192,476. Ces chiffres nous dispensent de tout commentaire.

La contrebande s’est long-temps exercée impunément sur l’immense littoral du Brésil ; elle s’y continue encore, mais moins librement et sur une échelle bien réduite. Un de ses foyers les plus actifs a été pendant long-temps la douand même de Rio de Janeiro. Jadis la plupart des employés de cette administration étaient soudoyés par le haut commerce pour laisser passer les marchandises venant de l’étranger, ou sans aucun droit, ou avec un droit excessivement restreint, ou sur des évaluations chimériques. Un député connu au Brésil par son caractère entreprenant, M. Ferraz, a demandé la direction de cette douane, dont le mouvement de va-et-vient est immense, promettant de faire rentier dans les caisses de l’état des sommes plus considérables que les années précédentes, et, jusqu’à un certain point, il a tenu parole. La recette totale de la douane de Rio de Janeiro (au change de 350) s’est élevée, en 1849, à près de 27 millions de francs, c’est-à-dire à un excédant de plus de 3 millions sur les années antérieures ; et on a en même temps réalisé près d’un million d’économie dans cette branche d’administration.

Si l’on excepte l’élévation des droits sur les marchandises anglaises après l’expiration, en 1847, du traité entre la Grande-Bretagne et le Brésil, et le droit de 80 pour 100 sur tous les objets confectionnés qui viennent généralement de Paris ; si l’on excepte, en outre, l’augmentation de la consommation due à l’accroissement successif de la population, le résultat que nous venons de consigner ici ne saurait s’expliquer que par l’extrême sévérité de M. Ferraz à l’égard des employés subalternes, et par la stricte probité qui lui a fait refuser, dit-on, une offre de 300,000 francs par an de la part du haut commerce, associé pour le déterminer à fermer les yeux et à permettre que tout restât sur le même pied que par le passé. Le nouvel état de choses a créé toutefois une situation singulièrement difficile au commerce d’outre-mer. Certains produits d’Europe, sur lesquels les droits d’entrée sont fort élevés, s’écoulaient auparavant à des prit modérés ; mais ces prix ne sauraient rester les mêmes sous la verge de fer de la nouvelle administration, qui place le commerce dans l’alternative cruelle soit de ne pas vendre, car on refuse d’acheter plus cher qu’autrefois, soit de vendre à perte ou sans bénéfice, ce qui, dans les affaires, revient à peu près au même. Notons néanmoins qu’en 1849 il est entré dans la seule ville de Rio de Janeiro pour plus de 100 millions de francs de marchandises, sur lesquelles ce qui a été consommé s’élève à une valeur de 80 millions, le reste ayant été réexporté pour différens ports nationaux ou étrangers. La douane provinciale la plus importante après celle dont nous venons de parler est la douane de Bahia ; sa