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né à Battan, village de la Mésopotamie, aux environs de Harran. On sait que, depuis la plus haute antiquité, Harran a été le siège du culte rendu aux astres et au feu, ou sabéisme, et Albateny, qui professait cette religion, employa toute sa vie à des travaux astronomiques. Il prit pour base l’Almageste de Ptolémée ; mais il détermina avec plus de précision l’obliquité de l’écliptique, l’excentricité du soleil, son moyen mouvement.et la précession des équinoxes. À l’égard des procédés trigonométriques, dont on trouve pour la première fois l’application dans ses écrits, il ne fit probablement qu’imiter ce qui se pratiquait de son temps, et, ainsi que nous l’avons fait observer, tout porte à croire ces procédés doit être cherchée dans l’Inde. Les Prolégomènes des tables astronomiques d’Albateny ont été traduits en latin, au moyen-âge, par Platon de Tivoli ; cette version a été imprimée, malheureusement elle manque d’exactitude. L’école à laquelle Albateny fit tant d’honneur ne finit pas avec lui. Pendant long-temps encore il est parlé, dans les livres orientaux, des mathématiciens et des astronomes de l’école sabéenne.

Un autre centre d’études mathématiques se forma, dans le IXe siècle, en Perse, dans la ville de Schyraz, qui était sous la domination des souverains Bouides. Adhad-Eddaulé, un de ces princes, qui avait un goût très prononcé pour l’astronomie, appela à sa cour Abd-Alrahman, surnommé le Sofy, parce que ce savant s’était voué à la vie de moine contemplatif. Le principal ouvrage de Sofy, le Livre des Figures célestes, est dédié à Adhad-Eddaulé, pour lequel il paraît avoir été composé. Il est emprunté pour le fond à l’Algameste de Ptolémée. Ce qui s’y trouve de particulier à l’auteur, et qui est très utile pour l’histoire de la science, c’est la synonymie qu’il a établie entre les dénominations sidérales adoptées par les astronomes de son temps et celles qui étaient chez les anciens Arabes et qui, après avoir été frappées d’anathème par Mahomet comme entachées d’idolâtrie, étaient restées éparses dans de vieilles poésies.

À la fin du Xe siècle brillèrent deux astronomes qui méritent de figurer dans notre énumération : ce sont Aboulvéfa, dit aussi Albouzdjany, parce qu’il était originaire de Bouzdjan, ville du Khorassan, et Ibn-Iounis, ou le fils de Jonas. Le premiér vécut à Bagdad, à la cour des khalifes abbassides, et, aidé de plueurs astronomes, il fit plusieurs bonnes corrections à la Table vérifiée. L’ouvrage qui contient le résultat de ses recherches est la Table collective, titre qui revient à peu près à la dénomination grecque de syntaxe, donnée primitivement par Ptolémée à son Almageste. Cet ouvrage fut même appelé Almagete par les Arabes, en souvenir de celui qui avait fait la gloire de l’astronome alexandrin. Aboulvéfa eut un rival dans son contemporain Ibn-lounis. Celui-ci était né vers le milieu du Xe siècle. Il vécut en Égypte, à la cour des khalifes fatimites Azyz-Billah et Hakem Biamr-Allah, son fils, et toutes ses observations furent faites au Caire ou dans les environs. Il les a consignées dans sa Grande Table ou Table Hakémite, du nom du khalife-Hakem, auquel il la dédia. Les Arabes la regardent comme le monument astronomique le plus important qui eût paru jusqu’alors dans leur langue. La Table hakémite est en effet beaucoup plus riche en observations que la Table collective d’Aboulvéfa. Cette longue] succession d’astronomes et de mathématiciens arabes se