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des forces inférieures, l’auraient inévitablement écrasé. Pendant que Villaréal aurait soutenu l’attaque de front, Zumalacarregui aurait abordé l’armée de la reine par son flanc droit, et Iturralde, sortant tout à coup de ses rochers, l’aurait abordée par son flanc gauche. Heureusement pour Cordova, Iturralde se découvrit au moment où la bataille allait s’engager dans cette direction. Alors Cordova, voyant le piége, fit aussitôt tête de colonne à droite vers Iturralde. Iturralde fut vigoureusement refoulé par Oraa jusqu’au village de Mendaza.

Zumalacarregui, voyant son plan de bataille devenu impraticable par la maladresse d’Iturralde, détacha un bataillon du centre et deux de son aile droite pour couper la ligne de Cordova ; mais il n’était plus temps : les quatre bataillons, d’Iturralde ne pouvaient plus lui venir en aide. La ligne des christinos, qui s’était fort étendue par suite du mouvement opéré vers l’aile gauche des carlistes, pouvait d’un moment à l’autre se replier pour envelopper Zumalacarregui, qui ne disposait plus que de sept bataillons, tandis que Cordova en avait treize à lui opposer, non compris la division d’Oraa, engagée contre les quatre bataillons d’Iturralde. Afin d’éviter ce danger, le général carliste opéra un mouvement de retraite insensible pour s’assurer, en cas de déroute, le passage de l’Éga par les deux ponts de Santa-Cruz et d’Arquijas. De part et d’autre, on se battit avec acharnement pendant cinq heures. La victoire resta à Cordova ; mais, la nuit survenant, Zumalacarregui put, sans être inquiété, se replier sur Zuniga, Santa-Cruz et Orbisa, en mettant l’Éga entre lui et son adversaire.

Le lendemain ; il attendit l’armée de la reine au pont d’Arquijas, au débouché du vallon ; mais la victoire avait coûté cher aux christinos : ils ne bougèrent pas. Le 15, l’armée de la reine s’avança enfin vers le pont d’Arquijas Zumalacarregui s’aperçut que Cordova n’avait pas avec lui toutes ses forces ; il apprit en effet par ses espions qu’Oraa avait été détaché avec sept bataillons, qu’il avait traversé l’Éga par les bois d’Ancin, qui étaient sur sa gauche, avec l’intention évidente de tourner l’armée carliste par la vallée de Mana, et de tomber sur ses derrières pendant que Cordova l’attaquerait de front. Zumalacareegui calcula qu’il fallait au moins six heures à Oraa pour exécuter son mouvement. Aussi prit-il sur le champ l’offensive contre Cordova avec toutes ses forces, au lieu d’en détacher une partie à la rencontre d’Oraa. Il espéra, en avançant l’heure du combat contre Cordova, avoir le temps de le battre et de se porter ensuite contre Oraa avec tous ses bataillons. La décision prise par Zumala aurait cette fois tourné contre lui, si Oraa ne s’était pas égaré dans les bois, car Cordova résista plus long-temps que le général carliste ne l’avait prévu ; il ne céda le terrain que vers le soir, et parce qu’il ne vit pas Oraa paraître. Les christinos épuisèrent leurs forces dans le combat d’Arquijas, tandis que Zumalacarregui