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tant de secret, que Zumalacarregui ne put avoir connaissance du départ de Mina. Cependant, comme il entendait le canon du côté d’Elisondo, il supposa que Sagastibelza en avait commencé le siége, ou bien que les christinos attaquaient eux-mêmes son lieutenant. Il s’avança donc de ce côté avec quatre bataillons ; il laissait derrière lui cinq bataillons qui devaient se tenir en avant de Pampelune pour intercepter toute communication avec le Bastan ; trois autres bataillons devaient le suivre d’un autre côté, et le rejoindre s’ils entendaient la fusillade dans sa direction. Zumalacarregui avait encore donné rendez-vous à deux bataillons du Guipuzcoa sur le chemin de Dona Maria, qui conduit au Bastan.

Pendant que Zumalacarregui atteignait Elzaburu, la division d’Oraa s’avançait par une route parallèle vers Oroquieta ; ces deux villages sont à une portée de fusil l’un de l’autre. Lorsque Oraa, qui ne se doutait pas de la présence des carlistes, arriva à Oroquieta pour y passer la nuit avec la moitié de ses troupes, il fut assailli à l’improviste par un bataillon carliste caché derrière le village. Le combat dura jusqu’à la fin du jour. Oraa resta maître des hauteurs qui dominent le passage du Bastan à Elzaburu, et Zumalacarregui se concentra autour d’Oroquieta. Dans la nuit, il apprit que non seulement il avait Oraa au devant de lui, mais encore Mina en face avec toutes ses forces ; il envoya aussitôt l’ordre à Sagastibelza d’abandonner le siége d’Elisondo et de venir à la rencontre d’Oraa.

La combinaison fort habile de Zumalacarregui consistait à se tenir entre les deux divisions de Mina pour les couper, tout en ayant l’air d’être enveloppé par elles. Si cette combinaison réussissait, Mina devait être écrasé, soit qu’il résistât, car alors il serait abordé par les trois bataillons que Zumala attendait, soit qu’il fit retraite, car dans ce cas il devait tomber sur les cinq bataillons carlistes échelonnés sur la route de Pampelune. Malheureusement une grande quantité de neige était tombée dans la nuit, et lorsque Mina se mit en mouvement pour rejoindre Oraa vers le Bastan, le 12 mars au matin, le dégel commençait déjà sur les chemins, de sorte que Zumalacarregui, qui se disposait à attaquer Mina sur son flanc gauche, ne put l’aborder comme il l’aurait voulu, parce que le terrain fort inégal était encore détrempé par la pluie. Le combat commença cependant aux environs de la crête de Dona Maria, au lieu nommé les Sept Fontaines. Mina, pour déjouer l’attaque des carlistes, simula une retraite, et au lieu de porter sa tête de colonne vers le plateau de Lanemear, où l’attendait Zumalacarregui, il chercha à s’emparer des hauteurs de la gauche, qui le rendaient maître de choisir sa direction. Zumala ne put arriver assez à temps pour prévenir la manœuvre de Mina et changer son plan d’attaque. Déjà même les carlistes se retiraient en désordre, lorsque Zumalacarregui