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en véritables problèmes d’algèbre, ont les termes abstraits, pendant toute correspondance avec la réalité des faits, échappent, dans leurs permutations rapides, à tout contrôle des assistans. L’ignorance peut se cacher ainsi plus long-temps sous la précision apparente des formules : nous l’aimons mieux, à dire vrai, quand elle convient modestement d’elle-même. L’Évangile a été annoncé aux pauvres et même aux pauvres d’esprit. Pour que l’accord de la raison et de la foi soit sérieux, ce doit être l’accord d’une foi simple avec une raison commune, et non d’une foi d’illuminé avec une logique transcendante. Cet accord doit se trouver en germe dans l’esprit d’un bon chrétien, suivant fidèlement la loi de son église, et en pratique dans le gouvernement quotidien de sa vie et de sa famille.

Le plus simple est donc d’en prendre son parti : il n’est possible ni de séparer tout-à-fait la foi de la raison, ni de les identifier l’une avec l’autre. Elles ont des rapports inévitables et des distinctions ineffaçables. La philosophie, quoi qu’elle fasse ; ne peut ni ignorer ni pénétrer la religion, ni s’en débarrasser avec révérence, ni l’absorber dans son sein. Il faut qu’elle compte et qu’elle vive avec elle. Le mérite de M. Nicolas est précisément d’avoir donné aux rapports de la foi et de la raison une intimité, une sorte de confiance qui avait disparu depuis en long-temps, tout en traçant leur ligne de démarcation par un trait ferme et net qui ne tremble jamais. Dans tout le cours de son livre, la foi et la raison sont en présence et soutiennent une conversation pressante ; mais leur situation respective est, à chaque instant, déterminée avec précision. Dans la première partie de son ouvrage, c’est la foi qui comparaît devant la raison. Elle apporte ses titres, elle déroule ses archives, elle démontre son authenticité divine, sa nécessité humaine ; elle fait voir qu’elle devait être et qu’elle a été. C’est une inconnue qui fait preuve de son état et demande droit de cité parmi les faits que l’évidence atteste, que la réflexion confirme, que la mémoire classe et recueille. Dans la seconde partie, plus mystérieuse et plus profonde, c’est la foi, à son tour, qui introduit la raison sur le terrain inconnu et brûlant des dogmes. Elle lui ouvre des perspectives où le regard humain n’atteindrait pas par ses propres organes, où il s’enfonce et se perd. Elle déchire par des éclairs la voûte des cieux et répand sur la nature même une lumière surnaturelle. Ces deux grandes forces se prêtent ainsi un mutuel appui : la raison établit la foi qui, à son tour, étend la raison. Suivons, avec M. Nicolas, les conséquences d’une pensée qui grandit en se développant.

Sous le nom de preuves préliminaires et philosophiques ; de preuves extrinsèques et historiques (deux ordres d’idées connexes qu’il a eu le tort de séparer), M. Nicolas rassemble plusieurs groupes de raisonnemens et de faits qui servent à démontrer par la raison, et par la raison