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SOUVENIRS D'UNE STATION


DANS LES MERS DE L'INDO-CHINE




LE PORT DE SHANG-HAI ET LES CHINOIS DU NORD.




I

Partie de Macao le 1er janvier 1849 pour visiter les ports que les derniers traités conclus avec le Céleste Empire avaient ouverts au commerce européen, la corvette la Bayonnaise, après une traversée de vingt et un jours dont nous avons raconté les épreuves, avait jeté l’ancre, dans le Yang-tse-kiang, à l’entrée du Wampou, qui baigne, à cinq lieues de son embouchure, les murs de la ville de Shang-hai. Le Yang-tse-kiang, qui prend sa source dans les montagnes de la Tartarie thibétaine, ne porte pas le même nom sur tous les points de son immense parcours. Tant qu’il erre au fond des gorges du Thibet, c’est le fleuve aux sables d’or, Kin-cha-kiang ; — le grand fleuve, Ta-kiang, quand il traverse majestueusement trois provinces chinoises ; — le fils de l’Océan, Yang-tse-kiang, lorsqu’il arrive enfin à la mer. L’île de Tsung-ming, à la hauteur de laquelle s’était arrêtée la corvette, partage la vaste embouchure du fleuve en deux bras distincts. Cette île, la plaine marécageuse dont nous avions suivi les bords, les bancs sur lesquels nous avions failli nous échouer, tous ces terrains de transport