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quelque chose de plus sérieux et de plus durable que cette frivole agitation. Une réunion des hommes de ce parti s’était déjà formée à Stockholm pour continuer l’œuvre réformiste et rédiger un projet de représentation sur une base démocratique. Le retentissement de février donna plus d’ardeur aux débats de cette assemblée ; des comités provinciaux se formèrent, correspondirent avec elle et propagèrent son influence. Le gouvernement, de son côté, n’affecta pas une résistance qui pouvait être dangereuse. Le roi renvoya son ministère et appela dans le cabinet du 10 avril M. Genberg, professeur à l’université de Lund, qui s’était distingué par sa modération dans l’assemblée réformiste de Stockholm.

Les nouveaux ministres présentèrent aux états, le 2 mai suivant, un projet de loi substituant deux chambres aux quatre ordres, mais laissant subsister la noblesse, accordant d’ailleurs le droit d’élire et d’être élu à tous ceux qui payaient un cens électoral assez peu élevé, ou qui satisfaisaient à certaines conditions de capacité. Ce projet dut attendre la diète suivante pour être discuté par les quatre états. Le 24 octobre 1848, quand le roi vint prononcer la clôture de la diète, il put dire, après avoir félicité la Suède d’avoir échappé aux orages de cette année : « Je n’ai cessé de suivre avec la plus grande attention vos débats sur notre représentation nationale. L’expérience ayant démontré la difficulté de parvenir sans mon intervention à concilier les opinions divergentes, je vous ai présenté un projet de loi qui, en admettant une extension considérable du droit électoral, contient en même temps les garanties les plus nécessaires pour le maintien et le développement régulier de l’ordre social. Je me tiens assuré que vous donnerez à cette grave question, lors de votre prochaine réunion, l’attention qu’elle réclame si impérieusement. »

En attendant l’époque fixée pour la diète nouvelle, le projet du gouvernement fut discuté par l’opinion publique. Il fut approuvé par un bon nombre des membres de la Société réformiste de Stockholm qui, se trouvant dès-lors unis au ministère, se séparèrent de leurs collègues. La société ne se trouva plus composée que de la portion la plus avancée du parti libéral, à qui déjà déplaisait toute concession n’allant pas jusqu’au suffrage universel. Ainsi mutilée, la société ne conserva pas l’ascendant qu’elle avait conquis d’abord, et, lorsqu’elle proposa d’adresser au gouvernement une pétition pour obtenir une diète extraordinaire, les sociétés provinciales, bien qu’elles n’acceptassent pas généralement