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où ils furent tous massacrés. Aussitôt après cette épouvantable tragédie, Dingaan expédia en toute hâte un commando fort d’environ dix mille guerriers pour surprendre les Boers dans leur camp, ce qui arriva en effet dans la matinée du 17 février. Les Boers, qui ne s’attendaient à rien de pareil, eurent d’abord quelque peine à se remettre de la confusion qui suivit naturellement l’attaque de l’ennemi, mais à la fin ils lui firent payer cher sa trahison. On parle de plusieurs milliers de morts et de blessés parmi les noirs ; quant aux Boers, il leur fut tué dans cette affaire six cent seize personnes, savoir cent Vingt fermiers, cinquante-cinq femmes, cent quatre-vingt-onze enfans et deux cent cinquante gens de couleur. »

La belle saison tirait à sa fin, circonstance que Dingaan avait peut-être prévue et recherchée ; les rivières débordaient, les communications étaient coupées entre les camps, et les Boers étaient réduits à la nécessité d’attendre avant de pouvoir tirer vengeance de cette abominable trahison. Cependant, vers les premiers jours du mois d’avril, les pluies ayant diminué de violence, les rivières et les torrens étant devenus guéables, et les Boers ayant pu se concerter avec les colons de Port-Natal qui avaient promis de faire eux-mêmes une diversion contre Dingaan, une colonne des plus ardens, forte d’environ quatre cents hommes tous montés, se mit en campagne le 6 avril 1838, sous les ordres de Piet Uys (fils de celui que nous connaissons) et de J. Potgieter.

Ce fut seulement le 11 du mois qu’elle rencontra l’ennemi au nombre de sept mille hommes, formés en trois divisions et avantageusement postés pour livrer une bataille défensive. Malgré l’immense disproportion du nombre, les Boers se précipitèrent à l’attaque, et si un certain nombre de leurs chevaux, effrayés par les cris sauvages des noirs, par le bruit qu’ils faisaient en frappant sur leurs boucliers, ne se fussent pas emportés, les émigrés eussent probablement remporté une victoire décisive, à en juger par les pertes qu’ils firent subir à l’ennemi tant dans le combat que pendant la retraite. De leur côté, ils avaient vu succomber dix des leurs, parmi lesquels Piet Uys, mort les armes à la main, et son fils, héroïque enfant de douze ans qui se fit tuer en défendant le corps de son père.

Le même jour où fut livré ce rude combat, les colons de Port-Natal, fidèles à leurs engagemens, vinrent aussi attaquer l’ennemi. Leur petite armée se composait de huit cents hommes environ, dont trois cents seulement armés de fusils. La bataille fut acharnée, et le résultat en fut désastreux : deux tiers des colons de Port-Natal y périrent, mais non pas sans vengeance, car on dit que trois des régimens de Zoulous, forts chacun de mille hommes, furent complètement détruits dans l’action.