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BEAUX-ARTS.




LES CARTONS DE M. P. CHENAVARD.




La tâche entreprise par M. Paul Chenavard est une des plus difficiles que puisse se proposer l’imagination. Il s’agit en effet de représenter dans une suite de tableaux l’histoire entière de la civilisation. Cette tâche, au premier aspect, effraie tellement la pensée, qu’on est tenté de voir dans un pareil dessein une preuve de présomption et de témérité. Et pourtant il est permis dès à présent d’affirmer que M. Chenavard ne demeurera pas au-dessous de son ambition : le reproche de témérité tombe devant la besogne achevée, car l’auteur de ce hardi projet a déjà mené à bonne fin vingt cartons de onze pieds sur quinze, c’est-à-dire qu’il est parvenu, ou peu s’en faut, aux deux cinquièmes du programme qu’il s’était tracé. L’oeuvre entière comprendra cinquante compositions murales, surmontées d’une frise où seront représentés les principaux personnages mis en action dans ces compositions, plus cinq mosaïques circulaires figurant l’enfer, le purgatoire, le paradis, les champs élysées, et enfin le développement parallèle de l’idée et de l’Action. Quelle que soit la destination donnée à ce travail, trop avancé pour que l’auteur l’abandonne, il est certain qu’il suffira pour établir sa renommée. Ce n’est pas seulement le travail d’un penseur habitué à méditer sur la marche de l’esprit humain, c’est aussi la révélation d’un peintre familiarisé depuis long-temps avec la langue de son art ; à l’exception de la dernière mosaïque circulaire figurant le développement parallèle de l’Action et de l’idée, toutes les compositions que j’ai vues et contemplées à loisir sont conçues selon les données de la